Hiéroglyphes

Définition

Priscila Scoville
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 02 juillet 2015
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Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, espagnol
Fragment of a Wall Decoration from the Tomb of Seti I (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Fragment d'une décoration murale provenant de la tombe de Séthi Ier
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

L'écriture hiéroglyphique égyptienne était l'un des systèmes d'écriture utilisés par les anciens Égyptiens pour représenter leur langue. En raison de leur élégance picturale, Hérodote et d'autres Grecs de renom pensaient que les hiéroglyphes égyptiens étaient quelque chose de sacré, et ils les appelaient donc "écriture sainte". Ainsi, le mot hiéroglyphe vient du grec hiero "saint" et glypho "écriture". Dans la langue égyptienne ancienne, les hiéroglyphes étaient appelés medu netjer, "les mots des dieux", car on croyait que l'écriture était une invention des dieux.

L'écriture était composée de trois types de signes de base : les logogrammes, représentant les mots ; les phonogrammes, représentant les sons ; et les déterminatifs, placés à la fin du mot pour aider à clarifier son sens. Par conséquent, le nombre de signes utilisés par les Égyptiens était beaucoup plus élevé que celui des systèmes alphabétiques, avec plus d'un millier de hiéroglyphes différents utilisés initialement, puis réduits à environ 750 pendant le Moyen Empire (2055-1650 avant notre ère). Dans les années 1820, le Français Jean-François Champollion déchiffra les hiéroglyphes à l'aide de la pierre de Rosette, datant du IIe siècle av. J.-C., qui contient un triple texte (hiéroglyphique, démotique et grec). Les hiéroglyphes égyptiens se lisent soit en colonnes de haut en bas, soit en rangées de droite ou de gauche.

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Origine des hiéroglyphes égyptiens

Comme la plupart des écritures anciennes, l'origine des hiéroglyphes égyptiens est mal connue. Plusieurs hypothèses ont toutefois été avancées. L'une des plus convaincantes affirme qu'ils dérivent d'images rupestres produites par des communautés de chasseurs préhistoriques vivant dans le désert à l'ouest du Nil qui étaient apparemment familiarisées avec le concept de communication par le biais d'images visuelles. Certains des motifs représentés sur ces images rupestres se retrouvent également sur des récipients en poterie des premières cultures pré-dynastiques d'Égypte. Ceci est particulièrement marqué durant la période Naqada II (c. 3500-3200 avant notre ère). Les récipients étaient enterrés dans des tombes, et c'est également dans les tombes de la période Naqada III/Dynastie 0 (c. 3200-3000 av. J.-C.) que l'on a trouvé les premiers exemples datés de manière sûre de hiéroglyphes égyptiens.

Naqada II pottery
Poterie Epoque Nagada II
Guillaume Blanchard (CC BY-SA)

Dans le cimetière U d'Abydos, tombe j, un membre de l'élite locale fut enterré vers 3100 avant notre ère. C'était un homme riche, probablement un dirigeant, et il fut enterré avec plusieurs biens, dont des centaines de jarres, un sceptre en ivoire et d'autres objets. Beaucoup de ces objets ont été pillés et nous les connaissons grâce aux quelque 150 étiquettes qui subsistent et qui contiennent la plus ancienne écriture connue en Égypte.

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Forme matérielle et utilisation des hiéroglyphes égyptiens

Les étiquettes trouvées dans la tombe U-j d'Abydos étaient gravées sur de petits rectangles en bois ou en ivoire avec un trou dans leur coin afin qu'elles puissent être attachées à différents objets. D'autres surfaces inscrites, telles que la céramique, le métal et la pierre (à la fois des écailles et des stèles), ont également été trouvées dans des tombes royales anciennes.

Le papyrus, principal support d'écriture portable en Égypte, apparut au cours de la première dynastie (c. 3000-2890 av. J.-C.) : le plus ancien exemple que nous connaissons provient d'un rouleau vierge trouvé dans la tombe d'Hémaka, un fonctionnaire du roi Den. Les scribes égyptiens utilisaient le papyrus et d'autres supports d'écriture alternatifs, notamment des écritoires généralement en bois. Jusqu'à la fin de la dix-huitième dynastie (1550-1295 avant notre ère), ces planches étaient recouvertes d'une couche de plâtre blanc qui pouvait être lavée et replâtrée, offrant ainsi une surface réutilisable pratique. Des exemples de tablettes d'argile, un support populaire en Mésopotamie, datant de la fin de l'Ancien Empire (2686-2160 av. J.-C.) ont été découverts dans l'oasis de Dakhla, une région éloignée des différents lieux de production du papyrus. L'os, le métal et le cuir étaient d'autres types de matériaux utilisés pour l'écriture. Des inscriptions sur cuir datant du Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.) ont également été découvertes, mais la conservation du cuir est médiocre comparée à celle du papyrus, de sorte qu'il n'y a aucune certitude quant à l'ampleur de l'utilisation du cuir.

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Les inscriptions trouvées à Abydos présentent différents types d'informations : certaines sont des chiffres, d'autres sont censées indiquer l'origine des marchandises, et les plus complexes montrent des informations administratives liées aux activités économiques contrôlées par le souverain. Dans les tombes de la dynastie 0, les signes trouvés sur les récipients de poterie et de pierre (et aussi sur les étiquettes qui y sont attachées) étaient utilisés pour indiquer la propriété de leur contenu, probablement en relation avec la taxation et d'autres données comptables. Les signes sur les récipients en poterie devinrent de plus en plus standardisés et comme ces marques étaient censées exprimer des informations sur le contenu des récipients (y compris leur provenance), cette tendance peut refléter une augmentation de la complexité de la tenue des registres et du contrôle administratif.

Detail from the Sarcophagus of Ankhnesneferibre
Détail du sarcophage d'Ânkhnesnéferibrê
Guillaume Blanchard (GNU FDL)

Vers la fin de la transition pré-dynastique/dynastique précoce (c. 3000 av. J.-C.), nous trouvons des exemples d'écriture dans le contexte de l'art royal pour commémorer les réalisations royales. Dans ce cas, l'écriture se trouve sur des têtes de masse cérémonielles, des stèles funéraires en pierre et des palettes votives : la fonction de ces objets était d'honorer la mémoire des souverains à la fois en termes de réalisations du souverain au cours de sa vie et de sa relation avec les différents dieux et déesses. Vers 2500 av. J.-C., nous trouvons les plus anciens exemples connus de littérature égyptienne, les "textes des pyramides", gravés sur les murs des pyramides, et plus tard, vers 2000 av. J.-C., apparut un nouveau type de texte connu sous le nom de "textes des sarcophages", un ensemble de formules magiques et liturgiques inscrites sur des cercueils.

Développement des hiéroglyphes anciens

Au fur et à mesure de l'évolution de l'écriture égyptienne au cours de sa longue histoire, différentes versions de l'écriture hiéroglyphique égyptienne furent développées. Outre les hiéroglyphes traditionnels, il existait également deux équivalents cursifs : le hiératique et le démotique.

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Hiéroglyphes

Ils étaient la version la plus ancienne de l'écriture, caractérisée par son aspect pictural élégant. Ces signes se retrouvent généralement dans les inscriptions de monuments et les contextes funéraires.

Hiératique

Encouragés par les prêtres et les scribes des temples qui souhaitaient simplifier le processus d'écriture, les hiéroglyphes se stylisèrent peu à peu et donnèrent naissance à l'écriture hiératique "sacerdotale". On pense que le hiératique fut inventé et développé plus ou moins simultanément avec l'écriture hiéroglyphique. Certains des hiéroglyphes trouvés dans des tombes datées de la période 3200-3000 av. J.-C. étaient sous la forme de serekhs royaux, un format stylisé du nom du roi. Certains serekhs écrits sur des récipients en poterie comportaient des hiéroglyphes en format cursif, peut-être un stade prématuré du hiératique. Le hiératique était toujours écrit de droite à gauche, principalement sur des ostraca (tessons de poterie) et des papyrus, et il était utilisé non seulement à des fins religieuses, mais aussi pour des documents publics, commerciaux et privés.

Egyptian Serekh
Serekh égyptien
Guillaume Blanchard (CC BY-SA)

Démotique

Une écriture encore plus abrégée, dépourvue de toute trace picturale, connue sous le nom de démotique "populaire", apparut aux alentours du 7e siècle avant notre ère. Les Égyptiens l'appelaient sekh shat, "écriture pour les documents". À l'exception des inscriptions religieuses et funéraires, le démotique remplça progressivement le hiératique. Alors que le hiératique porte encore quelques traces de l'aspect pictural des hiéroglyphes, le démotique n'a aucune trace picturale et il est difficile de relier les signes démotiques à leur équivalent hiéroglyphique.

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Légendes sur l'origine des hiéroglyphes égyptiens

Selon la tradition égyptienne, le dieu Thot créa l'écriture pour rendre les Égyptiens plus sages et renforcer leur mémoire. Le dieu Râ (alias ), cependant, n'était pas d'accord : il déclara que le fait de livrer les hiéroglyphes à l'humanité l'amènerait à contempler sa mémoire et son histoire à travers des documents écrits plutôt que de se fier à ses souvenirs réels transmis de génération en génération. L'écriture, selon Râ, affaiblirait la mémoire et la sagesse des gens. Malgré la volonté de Râ, Thot donna les techniques d'écriture à un nombre restreint d'Égyptiens, les scribes. Dans l'Égypte ancienne, les scribes étaient très respectés pour leurs connaissances et leur habileté à utiliser ce don des dieux, et cette position était un vecteur de mobilité sociale ascendante.

Déchiffrage des hiéroglyphes

Pendant de nombreuses années, les hiéroglyphes n'étaient pas du tout compris. En 1798, Napoléon Bonaparte se rendit en Égypte avec de nombreux chercheurs et ils copièrent plusieurs textes et images égyptiens. Un an plus tard, on trouva la pierre de Rosette, un décret de Ptolémée V, avec le même texte écrit en grec, en démotique et en hiéroglyphes.

Rosetta Stone
Pierre de Rosette
Trustees of the British Museum (Copyright)

Enfin, Jean-François Champollion perça le mystère. Il identifia le nom de Ptolémée V écrit sur la pierre de Rosette en comparant les hiéroglyphes avec la traduction grecque. Il poursuivit ensuite l'étude des noms en utilisant un obélisque de Philae (aujourd'hui dans le Dorset, en Angleterre). Sur l'obélisque était inscrit le nom de Ptolémée et Cléopâtre. Cela permit de conclure que l'écriture hiéroglyphique de l'Égypte ancienne était un mélange de signaux représentant des sons, des idées et des mots, et non un alphabet commun. En déchiffrant la pierre de Rosette, Champollion mit au jour le secret du système d'écriture de l'Égypte ancienne et permit au monde de lire enfin l'histoire de l'Égypte.

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Le déclin des Hièroglyphes

Au cours de la période ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) et de la période romaine (30 av. J.-C.-395 de notre ère) en Égypte, les cultures grecque et romaine devinrent de plus en plus influentes. Vers le IIe siècle de notre ère, le christianisme commença à supplanter certains des cultes traditionnels égyptiens. Les Égyptiens christianisés développèrent l'alphabet copte (une ramification de l'alphabet grec onciale), étape finale du développement de la langue égyptienne, employé pour représenter leur langue.

Champollion's notes from the Rosetta Stone
Les notes de Champollion tirées de la pierre de Rosette
Priscila Scoville (CC BY-NC-SA)

On trouve des exemples de l'alphabet copte complet à 32 lettres dès le IIe siècle de notre ère. Son utilisation reflète non seulement l'expansion du christianisme en Égypte, mais elle représente également une rupture culturelle majeure : Le copte fut la première écriture alphabétique utilisée dans la langue égyptienne. Par la suite, les hiéroglyphes égyptiens furent remplacés par l'écriture copte. Seuls quelques signes de l'écriture démotique survécurent dans l'alphabet copte. La langue écrite des anciens dieux plongea dans l'oubli pendant près de deux millénaires, jusqu'à la grande découverte de Champollion.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Priscila Scoville
BA, MA and PhD candidate in History. Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Brazil. I currently study Ancient Egypt and its relations with the Near East in time of Akhenaten.

Citer cette ressource

Style APA

Scoville, P. (2015, juillet 02). Hiéroglyphes [Egyptian Hieroglyphs]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13485/hieroglyphes/

Style Chicago

Scoville, Priscila. "Hiéroglyphes." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 02, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13485/hieroglyphes/.

Style MLA

Scoville, Priscila. "Hiéroglyphes." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 02 juil. 2015. Web. 27 avril 2024.

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