Peuple maasaï

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Caroline Martin
publié le 18 novembre 2019
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Maasai Warriors (by H.W. van Rinsum, CC BY-SA)
Guerriers maasaï
H.W. van Rinsum (CC BY-SA)

Le peuple maasaï (ou massaï) est une tribu d'Afrique de l'Est qui occupe aujourd'hui principalement le territoire du sud du Kenya et du nord de la Tanzanie, et qui parle la langue du même nom. Les Maasaï nilo-sahariens ont migré vers le sud dans cette région au 16/17e siècle et ils ont prospéré grâce à leurs compétences en matière d'élevage, notamment du bétail. Les guerriers maasaï sont particulièrement célèbres pour leur taille, leur endurance et leurs cheveux roux frappants. Leurs succès guerriers leur ont permis de dominer les prairies de la Vallée du Rift (ou Vallée du Grand Rift). La réserve animalière du Maasaï Mara, dans le sud du Kenya, est nommée en l'honneur de la tribu qui y vit toujours.

La migration de la tribu maasaï

Les Maasaï étaient à l'origine un peuple nilo-saharien centré sur la région de l'actuel Soudan. Ils ont ensuite migré vers le sud, avec d'autres tribus comme les Tutsis, à la recherche de meilleurs pâturages et de terres agricoles, une quête qui les a menés en Afrique centrale de l'Est vers 1750. Ils ont traversé les hauts plateaux du Kenya et passé le lac Turkana, pour finalement s'installer dans les plaines de la savane de ce qui est aujourd'hui le sud du Kenya et le nord de la Tanzanie. Les origines nilotiques et kouchites des Maasaï sont évidentes dans leurs caractéristiques physiques et les nombreux exemples de mots empruntés aux langues kouchites ou nilotiques orientales présents dans la langue maasaï ou maa.

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Les Maasaï ont été influencés dans certains aspects de leur culture par des peuples nilotiques installés dans les hauts plateaux du Kenya et qui y avaient migré auparavant. Par conséquent, des pratiques culturelles telles que la circoncision et le tabou du poisson ont également été adoptées par les Maasaï. L'arrivée des Maasaï dans la région à la fin du 16e et au début du 17e siècle a également vu le déclin de la domination des tribus locales.

LES MAASAÏ ONT DÉVELOPPÉ UNE TRADITION ORALE QUI LES A CONFORTÉS DANS L'IDÉE QU'ILS ÉTAIENT LES SEULS ÉLEVEURS DE BÉTAIL PURS D'AFRIQUE DE L'EST.

Les Maasaï se sont extrêmement bien adaptés à leur nouvel environnement, comme l'indique Histoire générale de l'Afrique, tome 2 de l'UNESCO: « Dans ces beaux pâturages, en fait, les sections centrales des Maasaï ont réussi... à poursuivre l'éthique pastorale jusqu'à son extrême limite » (323). En raison de l'irrégularité des précipitations dans les zones intérieures du Kenya et de la Tanzanie, les Maasaï ont dû se concentrer sur l'élevage, notamment des bovins, et abandonner la culture des céréales dans certaines régions. Les autres animaux élevés à une échelle beaucoup plus réduite sont les chèvres, les moutons et la volaille. Le bétail fournissait du lait, du sang à boire, du fumier comme combustible, des matériaux pour les armes, les outils et les vêtements et, occasionnellement, de la viande.

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Les Maasaï ont continué à étendre leur domaine, parfois appelé Maasailand et situé approximativement dans la zone comprise entre le lac Victoria à l'est et le mont Kilimandjaro à l'ouest, en envoyant les jeunes générations des familles s'installer dans de nouveaux pâturages avec une certaine quantité de bétail de la communauté d'origine. Ce processus s'est poursuivi au cours des 17e et 18e siècles, la tribu recherchant des « terres vides » où la population existante était faible. Au fur et à mesure que l'Afrique de l'Est s'est remplie de tribus concurrentes et que la densité de population a augmenté, les Maasaï ont été obligés de se battre pour leur droit d'élever des animaux dans une zone particulière, principalement au 19e siècle.

Maasai Herdsman
Gardien de troupeau maasaï
Vince Smith (CC BY)

La tradition orale maasaï

Les Maasaï ont développé une tradition orale qui les a confortés dans l'idée qu'ils étaient les seuls éleveurs de bétails purs d'Afrique de l'Est. Les histoires identifient essentiellement les Maasaï comme étant supérieurs en tous points aux autres tribus, en particulier aux chasseurs (les Dorobo) et aux agriculteurs qui devaient accomplir des tâches indignes comme creuser la terre. L'un de ces contes raconte les conséquences d’avoir ignoré un message de Dieu demandant au Dorobo d'attendre son don de bétail. Ils ne se présentent pas pour recevoir l’offrande et ils furent défavorisés par rapport aux Maasaï. L'histoire, tirée de African History de P. Curtin, est citée ici :

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Dieu fit descendre une corde d'écorce... du ciel et commença à faire descendre du bétail, jusqu'à ce qu'il y en ait tellement qu'il se mêla à celui des Dorobo. Alors le peuple Dorobo arriva, et comme il ne pouvait plus reconnaître son bétail parmi celui des Maasaï, il se mit en colère et tira une flèche sur la corde d’écorce... Dieu fit cesser la descente du bétail et il remonta dans le ciel, et on ne le revit plus jamais sur le sol. Ainsi, tout le bétail que possèdent aujourd'hui les Maasaï leur a d'abord été donné par Dieu. (113)

D'autres traditions orales perpétuent la croyance selon laquelle les Maasaï sont nés pour être des éleveurs de bétail, notamment en affirmant littéralement que le premier géniteur mâle de la tribu a reçu un bâton de berger à cette fin. En outre, on pensait que cette spécialisation ne devait pas être compromise par l'exercice d'autres activités que d'autres peuples pratiquent, comme la chasse et l'agriculture. Il est peut-être important de noter, cependant, que le pastoralisme pur chez les Maasaï n'est probablement apparu que très récemment (vers 1800) et qu'une minorité de groupes maasaï et certains peuples de langue maasaï vivaient presque exclusivement de l'agriculture. Il semble donc évident que les traditions orales en faveur du pastoralisme pur n'étaient en réalité qu'un moyen pour les riches élites possédant un grand nombre de bovins de justifier et de perpétuer leur position au sommet de la société maasaï - elles n'ont jamais eu besoin de recourir à l'agriculture et elles avaient donc le droit de régner.

The Maasai of Ngorongoro
Les Maasai de Ngorongoro
Omar Gurnah (CC BY-NC-ND)

Société et propriété

Le statut des Maasaï dans leur société était dicté et mesuré par le nombre de bovins qu’un homme possédait. Le bétail était un indicateur de prospérité et les animaux étaient généralement offerts en guise de dot, mais les Maasaï prêtaient aussi parfois leur bétail à des membres de la famille en difficulté. D'une certaine manière, le bétail soudait les communautés en fournissant un lien de propriété commun et mutuellement bénéfique. Les animaux étaient gardés par des membres spécifiques des groupes familiaux, mais l'ensemble appartenait à l'unité sociale plus large, indépendamment de leur répartition géographique réelle. L'importance accordée au bétail et au grand nombre d'animaux nécessaires pour subvenir aux besoins d'une famille a eu des répercussions malheureuses sur les membres les plus pauvres de la société maasaï. En période de sécheresse, lorsque le lait venait à manquer ou que les animaux mouraient, ceux qui ne possédaient qu'un petit troupeau étaient contraints de cultiver ou de chasser pour eux-mêmes, ce qui, comme nous l'avons vu plus haut, était considéré comme l'échec ultime.

LES GUERRIERS VIVAIENT CONJOINTEMENT DANS DES GROUPES D'HABITATIONS SÉPARÉS, ILS MANGEAIENT LES UNS AVEC LES AUTRES, PARTAGEAIENT LEURS BIENS ET VOYAGEAIENT TOUJOURS ENSEMBLE EN PETITS GROUPES.

Tous les individus Maasaï appartenaient à une famille, un clan et un groupe de district. Les représentants de ces groupes formaient des conseils d'aînés masculins - l'ancienneté en âge était un critère important pour l'élite maasaï - qui se réunissaient régulièrement pour discuter et décider des questions importantes pour l'ensemble des Maasaï et pour établir les droits et les obligations mutuelles de chacun de ces trois niveaux de la société. Les groupes d'élite finissaient généralement par contrôler les meilleurs pâturages et les points d'eau vitaux. Les jeunes étaient autorisés à entrer dans l'âge adulte par des cérémonies d'initiation qui impliquaient la circoncision (pour les deux sexes).

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Les groupes de Maasaï prospères pouvaient permettre à certains individus de s'adonner à d'autres activités telles que la vannerie, le travail du textile, la religion et l'art. Une autre tâche pouvait être la construction de maisons, traditionnellement considérée comme une responsabilité de la femme avec les tâches ménagères et la garde des enfants, tandis que les hommes s'occupaient des animaux. Le commerce avec les autres tribus permettait d'acquérir des produits de première nécessité tels que des céréales, des légumes et d'autres denrées alimentaires produites par des tribus d'agriculteurs (notamment les Kikuyu), du sel, du fer, des armes, des outils et des produits de luxe tels que des poteries de qualité et des objets décoratifs pour le corps et la maison. Il est intéressant de noter que le commerce était la responsabilité des femmes maasaï. Les Maasai payaient ces biens sous forme de bétail, de lait, de peaux et de cuir. Un autre domaine d'échange était l'expertise, les éleveurs pratiquant des opérations chirurgicales mineures et des extractions de dents en échange de la connaissance des médicaments des agriculteurs.

Guerriers maasai

Les Maasai étaient certes d'excellents éleveurs, mais ils étaient aussi réputés et craints en tant que guerriers. En effet, la guerre était souvent nécessaire car les Maasaï avaient besoin de grandes étendues de territoire pour faire paître leurs animaux, ce qui les mettait souvent en conflit avec les peuples voisins. Entre 1500 et 1800, les sociétés d'Afrique de l'Est étaient encore en train de s’esquisser, avec un très grand nombre de communautés bien distinctes. Les Mijikenda, comme les Maasai, cherchaient à étendre leur territoire et les deux groupes se sont inévitablement affrontés. Un autre groupe rival était les Padhola, en particulier dans la région de Tororo, et un troisième était les divers peuples chasseurs d'Afrique de l'Est. La concurrence pour les terres et les ressources n'a fait qu'augmenter lors des périodes de climat extrême, comme les sécheresses.

Les guerriers maasaï (moranes) étaient contrôlés par des chefs rituels (laibons). Les guerriers vivaient conjointement dans des groupes d'habitations séparés, ils mangeaient les uns avec les autres, partageaient leurs biens et voyageaient toujours ensemble en petits groupes. Ils s'entraînaient en lançant leurs lances sur des cibles, amélioraient leur endurance et leur physique en luttant et en faisant des simulacres de combat, et ils faisaient preuve de courage en chassant le lion. Outre leur robe rouge et leur cape courte caractéristiques, les guerriers se laissaient pousser les cheveux longs et les recouvraient d'un mélange de boue, de graisse de vache et d'ocre. Ils portaient également une ceinture perlée avec un couteau court et parfois une impressionnante coiffe en plumes d'autruche.

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Les guerriers exécutaient des danses de guerre, qui comprenaient des sauts distinctifs sur place et d'autres mouvements physiques nécessaires au combat, puis ils partaient armés de leurs très longues lances pour vaincre leurs ennemis. Les Maasaï ont connu un grand succès guerrier tout au long du 18e siècle, bien que cela ne soit peut-être pas surprenant étant donné que leur opposition était composée de sociétés beaucoup moins militarisées. The Cambridge Histoiry of Africa donne un compte-rendu concis de leur succès :

[Les Maasaï] ont établi un monopole virtuel des prairies de la Vallée du Rift sur toute la distance allant du plateau d'Uasin Gishu, au nord-ouest du Kenya, à la steppe des Maasaï, au centre-nord de la Tanzanie, soit une distance d'environ 970 kilomètres... la prédominance des Maasaï a repoussé et elle a fondamentalement changé le mode de vie du groupe paranilotique du Sud, plus anciennement établi. (654)

Sunrise in the Maasai Mara
Lever du soleil dans le Maasaï Mara
Ralf Κλενγελ (CC BY-NC-SA)

Histoire ultérieure

Malgré leur succès spectaculaire au siècle précédent, les Maasaï étaient en déclin au 19e siècle, car la lutte séculaire entre éleveurs et agriculteurs commençait à pencher en faveur de ces derniers. En effet, les agriculteurs sédentaires créaient désormais des formes de gouvernement plus sophistiquées et centralisées, ce qui augmentait leur prospérité. Les Maasaï, qui avaient peu de racines permanentes et qui vivaient dans des communautés dispersées, ont souffert d'un manque d'organisation politique et militaire par rapport à d'autres groupes plus sédentaires, lorsqu'ils tournaient leur attention vers la guerre. La position des Maasaï a été encore affaiblie par la chasse de leurs animaux par d'autres peuples et par les pertes dues aux épidémies. À partir de 1850 environ, les groupes maasaï rivaux se sont livrés à des guerres civiles dommageables qui ont souvent fait fuir des guerriers de valeur qui sont devenus des mercenaires pour des tribus voisines comme les Nandi.

Les Maasaï ont survécu à l'ère coloniale européenne en Afrique, la partie orientale du continent étant dominée par les Britanniques, les Italiens et les Allemands. Leur indépendance tout au long de cette période turbulente de l'histoire de l'Afrique est due en grande partie au fait qu'ils habitent des zones désertiques, car ils ont été chassés des prairies par l'expansion de l'agriculture, encouragée par les Européens. La colonie britannique du Kenya a obtenu son indépendance en 1963 et, depuis lors, les Maasaï ont fermement résisté à toutes les initiatives gouvernementales visant à les « moderniser ».

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Le Maasaï Mara

Le Maasaï Mara est une grande réserve animalière située dans le sud du Kenya, qui a été baptisée du nom du peuple Maasaï en reconnaissance de son occupation de longue date du territoire qu'elle couvre. La réserve, située dans la Vallée du Rift en Afrique de l'Est, a été créée en 1961. C'est l'un des parcs animaliers les plus célèbres d'Afrique et il est célèbre pour la diversité de sa faune, qui comprend des lions, des éléphants et des léopards. La réserve est également le théâtre du grand mouvement annuel d'animaux sauvages en provenance et à destination du Serengeti, au sud, connu sous le nom de la grande migration. Le nom du parc n'était pas un geste vide de sens pour les Maasaï, qui sont toujours autorisés à faire paître leur bétail dans certaines parties de la réserve.

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Bibliographie

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, novembre 18). Peuple maasaï [Maasai People]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18566/peuple-maasai/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Peuple maasaï." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le novembre 18, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18566/peuple-maasai/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Peuple maasaï." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 nov. 2019. Web. 11 mai 2024.

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