Abou Simbel

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Caroline Martin
publié le 09 mai 2018
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Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, espagnol
The Small Temple, Abu Simbel (by Dennis Jarvis, CC BY-SA)
Le petit temple, Abou Simbel
Dennis Jarvis (CC BY-SA)

Abou Simbel est un ancien complexe de temples, à l'origine taillé dans une robuste falaise rocheuse, dans le sud de l'Égypte et situé à la deuxième cataracte du Nil. Les deux temples qui composent le site furent créés sous le règne de Ramsès II (c. 1279 - c. 1213 av. JC), soit entre 1264 et 1244 av. JC, ou entre 1244 et 1224 av. JC. La divergence des dates est due à des interprétations différentes de la vie de Ramsès II par les historiens modernes. Il est certain, d'après les nombreuses œuvres d'art qui ornent l'intérieur du Grand Temple, que les structures furent créées, du moins en partie, pour célébrer la victoire de Ramsès sur les Hittites à la bataille de Cadès en 1274 av. JC. Pour certains spécialistes, cela indique une date probable de 1264 av. JC pour la construction initiale, car la victoire aurait été fraîche dans la mémoire du peuple. Cependant, la décision de construire le grand monument à cet endroit précis, à la frontière des terres conquises en Nubie, a poussé d’autres historiens à suggérer la date plus tardive de 1244 av. JC en ce sens que le complexe aurait dû être commencé après les campagnes de Nubie que Ramsès II entreprit avec ses fils et qu’il fut construit comme symbole de la puissance de l'Égypte.

Quelle que soit la date du début de la construction, on s'accorde à dire qu'il fallut vingt ans pour créer le complexe et que les temples étaient dédiés aux dieux -Horakhty, Ptah et à Ramsès II déifié (le Grand Temple) ainsi qu'à la déesse Hathor et à la reine Néfertari, l'épouse préférée de Ramsès (le Petit Temple). On suppose que le nom "Abou Simbel" était la désignation du complexe dans l'Antiquité, mais ce n'est pas le cas. On prétend que l'explorateur suisse Burckhardt fut conduit sur le site par un garçon nommé Abou Simbel en 1813 et que le site prit son nom par la suite. Burckhardt ne réussit toutefois pas à découvrir le site, qui était enfoui dans le sable jusqu'au cou des grands colosses, et il fit part de cette expérience à son ami et collègue explorateur Giovanni Belzoni. C'est Belzoni qui découvrit et fouilla (ou pilla) Abou Simbel pour la première fois en 1817 et il est probable que ce soit lui, et non Burckhardt, qui ait été conduit sur le site par le jeune garçon et qui ait donné son nom au complexe. Comme pour d'autres aspects concernant Abou Simbel (tels que la date de sa création), la véracité de l'une ou de l'autre version de l'histoire est ouverte à l'interprétation et tout ce que l'on sait, c'est que le nom original du complexe, s'il avait une désignation spécifique, a été perdu.

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LE GRAND TEMPLE S'ÉLÈVE À 30 MÈTRES DE HAUT ET QUATRE COLOSSES ASSIS REPRÉSENTANT RAMSÈS II FLANQUENT L'ENTRÉE.

Les deux temples

Le Grand Temple mesure 30 mètres de haut et 35 mètres de long. Quatre colosses assis, deux de chaque côté de l'entrée, représentant Ramsès II sur son trône, mesurent chacun 20 mètres de haut. Sous ces figures géantes se trouvent des statues plus petites (quand même plus grandes que la taille réelle) représentant les ennemis conquis par Ramsès, les Nubiens, les Libyens et les Hittites. D'autres statues représentent les membres de sa famille et divers dieux protecteurs et symboles de pouvoir. En passant entre les colosses, par l'entrée centrale, l'intérieur du temple est décoré de gravures montrant Ramsès et Néfertari rendant hommage aux dieux. La grande victoire de Ramsès à Qadesh (considérée par les spécialistes modernes comme un match nul plutôt qu'un triomphe égyptien) est également représentée en détail sur le mur nord de la salle hypostyle. Selon les chercheurs Oakes et Gahlin, ces gravures des événements entourant la bataille,

Présentent un récit vivant à la fois en reliefs et en texte. Les préparatifs de la bataille se font dans le camp égyptien. Les chevaux sont attelés ou reçoivent leur fourrage tandis qu'un soldat soigne ses blessures. La tente du roi est également représentée, tandis qu'une autre scène montre un conseil de guerre entre Ramsès et ses officiers. Deux espions hittites sont capturés et battus jusqu'à ce qu'ils révèlent le véritable emplacement de Muwatalli, le roi hittite. Enfin, les deux camps s’engagent dans la bataille, les Égyptiens chargeant en formation ordonnée tandis que les Hittites sont dans la confusion, les chars s'écrasant, les chevaux s'emballant et les soldats tombant dans le fleuve Oronte. Dans le texte, Ramsès affronte seul l'ensemble de l'armée hittite, à l'exception du soutien apporté par [le dieu] Amon qui le défend dans la bataille et lui donne finalement la victoire. (208).

Abu Simbel Panorama
Panorama d'Abou Simbel
Dennis Jarvis (CC BY-SA)

Le Petit Temple se dresse à proximité, haut de 12 mètres et long de 28 mètres. Ce temple est également orné de colosses sur la façade avant, trois de chaque côté de la porte, représentant Ramsès et sa reine Néfertari (quatre statues du roi et deux de la reine) qui font tous une hauteur de 10 mètres. Le prestige de la reine est évident dans la mesure où, habituellement, une femme est représentée à une échelle beaucoup plus petite que le pharaon, alors qu'à Abou Simbel, Néfertari est de la même taille que Ramsès. Le Petit Temple est également remarquable dans la mesure où c'est la deuxième fois dans l'histoire de l'Égypte ancienne qu'un souverain dédiait un temple à sa femme (la première fois étant le pharaon Akhenaton, 1353-1336 av. JC, qui dédia un temple à sa reine Néfertiti). Les murs de ce temple sont consacrés à des images de Ramsès et de Néfertiti faisant des offrandes aux dieux et à des représentations de la déesse Hathor.

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Un site sacré

L'emplacement du site était sacré pour Hathor bien avant que les temples n'y soient construits et on pense qu'il fut soigneusement choisi par Ramsès pour cette raison même. Dans les deux temples, Ramsès est reconnu comme un dieu parmi d'autres dieux et son choix d'un lieu déjà sacré aurait renforcé cette impression auprès du peuple. Les temples sont également alignés sur l'est de sorte que, deux fois par an, le 21 février et le 21 octobre, le soleil pénètre directement dans le sanctuaire du Grand Temple pour éclairer les statues de Ramsès et d'Amon. On pense que ces dates correspondent à l'anniversaire et au couronnement de Ramsès. L'alignement des structures sacrées sur le soleil levant ou couchant, ou sur la position du soleil aux solstices, était courant dans le monde antique (on le retrouve notamment à New Grange en Irlande et à Maeshowe en Écosse), mais le sanctuaire du Grand Temple diffère de ces autres sites en ce que la statue du dieu Ptah, qui se trouve au milieu des autres, est soigneusement placée de manière à ne jamais être éclairée. Comme Ptah était associé au monde souterrain égyptien, son image était maintenue dans une obscurité perpétuelle.

Abu Simbel Interior
Intérieur d'Abou Simbel
Man77 (GNU FDL)

Le haut barrage d'Assouan

Dans les années 60, le gouvernement égyptien planifia la construction du haut barrage d'Assouan sur le Nil, qui aurait submergé les deux temples (ainsi que les structures environnantes comme le temple de Philae). Entre 1964 et 1968, les deux temples furent démantelés et déplacés de 65 mètres sur le plateau des falaises où ils se trouvaient et reconstruits à 210 mètres au nord-ouest de leur emplacement d'origine. Cette initiative fut menée par l'UNESCO, avec une équipe internationale d'archéologues, pour un coût de plus de 40 millions de dollars américains. On prit grand soin d'orienter les deux temples exactement dans la même direction qu'auparavant et une montagne artificielle fut érigée pour donner l'impression que les temples étaient taillés dans la falaise rocheuse. Selon Oakes et Gahlin :

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Avant le début des travaux, un batardeau dut être construit pour protéger les temples de la montée rapide des eaux. Puis les temples furent sciés en blocs, en veillant à ce que les coupes soient faites là où elles seraient le moins visibles lors du réassemblage. Les murs et les plafonds intérieurs furent suspendus à une structure porteuse en béton armé. Lorsque les temples furent réassemblés, les joints furent réparés avec un mortier de ciment et de sable du désert. Cette opération fut si discrète qu'il est aujourd'hui impossible de voir où les joints ont été faits. Les deux temples se dressent désormais au sein d'une montagne artificielle faite de gravats et de rochers, soutenue par deux vastes dômes en béton armé. (207).

Toutes les petites statues et les stèles qui entouraient le site original du complexe furent également déplacées et placées aux endroits correspondant par rapport aux temples. Parmi celles-ci, on trouve des stèles représentant Ramsès en train de vaincre ses ennemis, divers dieux, et une stèle décrivant le mariage entre Ramsès et la princesse hittite Naptera, qui ratifia le traité de Qadesh. Inclue parmi ces monuments, on trouve aussi la stèle d'Asha-hebsed, le contremaître qui organisa la main-d'œuvre qui a construit le complexe. Cette stèle raconte également comment Ramsès décida de construire le complexe en tant que témoignage durable de sa gloire éternelle et comment il confia les travaux à Asha-hebsed. Aujourd'hui, Abou Simbel est le site antique le plus visité d'Égypte après les pyramides de Gizeh et il possède même son propre aéroport pour accueillir les milliers de touristes qui arrivent sur le site chaque année.

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Bibliographie

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2018, mai 09). Abou Simbel [Abu Simbel]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-287/abou-simbel/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Abou Simbel." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le mai 09, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-287/abou-simbel/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Abou Simbel." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 mai 2018. Web. 27 avril 2024.

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