Judaïsme Primitif

Article

William Brown
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 25 octobre 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol

Au cours de la période du Judaïsme primitif (6ème siècle av. JC - 70 ap. JC), la religion judéenne commença à développer des idées qui divergeaient considérablement de la religion israélite et judéenne du 10ème au 7ème siècle av. JC. En particulier, cette période marque un mouvement significatif vers le monothéisme, la codification des traditions centrales à l'identité religieuse (c'est-à-dire la Bible hébraïque), et des idées nouvelles concernant le culte de Yahweh.

Influences Culturelles

Avec l'apogée du pouvoir des royaumes judéen et israélite au 8ème siècle av. JC, Jérusalem devint le site du Temple central de la religion judéenne et israélite, et par conséquent, de la politique. Il était communément admis dans le monde antique que le Temple, et donc la ville, était en sécurité tant qu’il était bien entretenu et que la divinité était satisfaite du peuple. Au début du 6ème siècle av. JC cependant, cette idée traditionnelle fut remise en question. Les objets précieux du Temple de Jérusalem furent saisis à deux reprises par des rois non judéens, puis le Temple fut détruit en 586 av. JC par l'Empire Néo-Babylonien. La fracture de cette notion traditionnelle força les Judéens à reconsidérer et à reconceptualiser leurs idées religieuses.

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Second Temple Model
Modèle du Second Temple, Jérusalem
Dana Murray (CC BY-NC-SA)

De plus, avec la montée en puissance de l'Empire Perse à la fin du 6ème siècle av. JC, des groupes de population initialement exilés par les Néo-Assyriens et les Néo-Babyloniens furent autorisés à retourner dans leurs pays d'origine. Ainsi, les riches Judéens furent autorisés à retourner en Judée et ils reconstruisirent le Temple de Jérusalem. Cependant, à cette époque, les traces littéraires indiquent également l'existence de communautés judéennes en Égypte, en Mésopotamie, en Samarie et en Judée (Yehud), communément appelées la diaspora juive. En raison de la dispersion géographique des Judéens, il est évident que les diverses communautés purent se développer de manière distincte. Ainsi, il n'existait pas de pratique religieuse unique et propre au Judaïsme. Bien qu'unis concernant la position centrale de la divinité Yahweh, il y avait de nombreuses idées sur ce qui constituait le culte approprié. C'est pourquoi certains spécialistes qualifient la religion judéenne de cette période de Judaïsmes primitifs (notez le pluriel).

À partir du 4ème siècle av. JC, le Judaïsme primitif connut de nouveaux développements grâce aux échanges interculturels avec le monde hellénistique et romain. Il est particulièrement important de noter que les Judéens furent politiquement indépendants en Judée pendant quelques années au cours de cette période. Deux conséquences majeures de cette indépendance politique furent les développements religieux importants et la destruction du 2ème Temple de Jérusalem en 70 ap. JC, celui qui avait été reconstruit au 6ème siècle av. JC. La plupart des spécialistes considèrent cet événement comme la fin du Judaïsme primitif; à partir de 70 ap. JC, la religion juive entre dans la catégorie du "Judaïsme rabbinique."

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Monothéisme

La destruction du Temple en 586 av. JC remit en question les conceptions traditionnelles sur l'inviolabilité de Jérusalem. Par conséquent, les Judéens reconsidérèrent la question de la domination de Yahweh pendant la période perse (fin du 6ème siècle av. JC). Ceci est attesté dans le livre biblique d'Ésaïe. Les spécialistes le divisent généralement en deux sections sur la base du contenu et de la langue : le premier Ésaïe comprend les chapitres 1 à 39, et le second, les chapitres 40 à 66, ce dernier étant généralement daté de la période perse. Dans Ésaïe 44:9-20, l'auteur s'élève contre le culte non centré sur Yahweh, d'autres divinités, et plus particulièrement, contre le culte des idoles : "Elles [les idoles] ne savent pas, ni ne comprennent; car leurs yeux sont fermés, ainsi elles ne peuvent pas voir, et de même que leurs esprits, ainsi elles ne peuvent pas comprendre" (New Oxford Annotated Study Bible).

DE NOMBREUX CHERCHEURS VOIENT ÉSAÏE 40-66 COMME L'UNE DES PREMIÈRES PREUVES DU MONOTHÉISME JUDÉEN.

En Mésopotamie, les divinités étaient souvent vénérées par l'intermédiaire d'une statue, avec la perception que la présence de la divinité résidait dans cette statue. Par conséquent, en considérant les statues comme des idoles sans vie, Ésaïe semble exprimer que les divinités n'étaient pas réellement présentes dans les statues. C'est pourquoi de nombreux spécialistes considèrent ce texte comme l'une des premières preuves du monothéisme judéen. Cette idée est développée plus avant dans Ésaïe 45:1-7, où Yahweh affirme avoir spécifiquement appelé Cyrus, roi de l'Empire Perse, à s'emparer de Babylone afin de juger cette dernière. Le texte indique que Yahweh utilise des rois étrangers comme instruments de son jugement, ce qui s'inscrit dans le cadre plus large des chapitres 40-48 où Yahweh est vu comme l'auteur de l'histoire elle-même.

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La Bible hébraïque, cependant, ne représente pas toutes les traditions des Judéens. Des groupes distincts de Judéens prospérèrent à la fois en Mésopotamie et en Égypte. En Mésopotamie, des tablettes cunéiformes, généralement appelées 'tablettes des Murashu', de Nippur, et 'Al-Yahudu' ('Ville de Juda'), attestent d'une communauté de Judéens qui vivaient et travaillaient près de Babylone entre les 6ème et 5ème siècle av. JC. Malheureusement, ces documents sont principalement des documents juridiques et financiers. Comme le titre "Yahu" (Yahweh) est attaché à de nombreux noms de personnes dans les documents, il est probable que les membres de cette communauté vénéraient Yahweh. Malheureusement, il est difficile de préciser plus les idées religieuses de ces Judéens exilés, comme, par exemple, la possibilité qu’ils adoraient des divinités mésopotamiennes.

De même, des lettres et des documents provenant d'un établissement judéen du 5ème siècle av. JC à Éléphantine, en Égypte, attestent de l'existence d'adorateurs de Yahweh. Dans ces documents, il existe des preuves que certains Judéens pouvaient également vénérer les divinités Anat et Ashim. Ainsi, ces Judéens-là ne suivaient pas nécessairement les tendances monothéistes de la littérature biblique de la période perse.

Murashu Tablets
Tablettes des Murashu
Penn Museum (CC BY-NC-ND)

Il existait en outre des formes de religion populaire, c'est-à-dire des idées et des pratiques religieuses qui ne prirent pas une place prépondérante ou ne devinrent pas des modes standard de croyance et de pratique religieuse. Étant donné que la Bible hébraïque reflète probablement l'idéologie de scribes aisés, la religion populaire commune n'est pas bien représentée dans les documents historiques. Malgré l'opposition possible de certains groupes, à la fin de la période hellénistique et romaine, il est généralement admis que le monothéisme fut un facteur déterminant du Judaïsme.

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Il y eut un changement majeur dans les idées qui aida le monothéisme à devenir plus standard dans le Judaïsme, à savoir que les scribes judéens réimaginèrent l'ancien panthéon divin sous la forme d'anges. Ce changement est parfaitement illustré dans 1 Hénoch. Généralement daté du 3ème siècle av. JC, 1 Hénoch est l'un des premiers textes qui atteste de la croyance en les anges en tant qu’assistants de la divinité et responsables du fonctionnement du cosmos ainsi que de l'exécution des tâches divines en rapport avec la sphère humaine " (Grabbe, 243). L'apparition de ces êtres, qui servaient de conseil à Yahweh, est une réimagination des anciens dieux ouest-sémitiques. De plus, comme aucune idée n'émerge du vide, il est probable que la catégorisation des anges et des démons était en pleine vigueur à la fin de la période perse et que 1 Hénoch ne fait que refléter des traditions déjà en circulation. Ainsi, avec la création de 1 Hénoch, les scribes judéens purent traiter le problème du panthéon ouest-sémitique de manière satisfaisante.

Rituels

La Pâque

Selon Exode 12-13, la Pâque (Pessa'h) fut instituée afin d'empêcher la mort des premiers-nés lors de la Dixième Plaie. Bien que l’historicité des Dix Plaies du livre de l'Exode, et par conséquent des origines de la Pâque, ne puisse être confirmée, celle-ci présente de forts parallèles avec une autre fête identifiée à partir d'un site archéologique en Syrie (12ème siècle av. JC). Sur ce site, des documents littéraires attestent de la fête de zukru dont les caractéristiques sont étonnamment similaires: elle a lieu le 14e jour du premier mois, dure sept jours, du sang est répandu sur les montants des portes et des animaux premiers-nés sont sacrifiés. En raison de ces similitudes, les idées sous-jacentes de la Pâque ont probablement des origines antérieures au 7ème siècle av. JC. Cependant, en tant que commémoration particulière d'un exode d'Égypte, la Pâque est plus probablement un développement de la période perse.

LES IDÉES SOUS-JACENTES DE LA PÂQUE ONT DES ORIGINES ANTÉRIEURES AU 7EME SIÈCLE AV. JC; CEPENDANT, EN TANT QUE COMMÉMORATION D'UN EXODE D'ÉGYPTE, LA PÂQUE EST UN DÉVELOPPEMENT DE LA PÉRIODE PERSE.

Cette fête est également attestée dans les papyrus d'Éléphantine (6ème siècle av. JC) comme faisant partie de la vie des gens. Cependant, il est à noter que la description de la Pâque dans les papyrus d'Éléphantine diffère de celle de la Bible hébraïque. Contrairement à la Bible hébraïque (Lévitique 23:3-8), elle interdit les boissons fermentées. Bien que la différence soit mineure, elle indique des idées différentes sur ce qui constitue une pratique rituelle appropriée.

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De même, le rituel de la Pâque était pratiqué par les Samaritains dès le 4ème siècle av. JC, comme l'atteste le Pentateuque samaritain. Pour l'essentiel, il est identique au Pentateuque de la Bible hébraïque; cependant, contrairement aux Judéens de Judée, les Samaritains auraient accompli le rituel sur le mont Gerizim. Ils l'auraient fait là parce qu'ils croyaient que le mont Gerizim était la montagne sainte, par opposition aux Judéens qui croyaient que Jérusalem était un site sacré.

Enfin, un fragment d'un rouleau de Qumran, sur la mer Morte (daté du 3ème siècle av. JC au Ier siècle ap. JC) interdit aux jeunes garçons et aux jeunes filles de participer à la fête de la Pâque (Parry et Skinner). Cette pratique n'est mentionnée que dans ce fragment et ne figure dans aucune autre tradition littéraire, ce qui montre la diversité, mais aussi l'unité d’ensemble, de la pratique de la Pâque.

Le Sabbat

Le Sabbat est, d'une certaine manière, l'idée de se reposer, du vendredi soir au samedi soir (c'est-à-dire le septième jour). Les origines historiques du Sabbat ne sont pas claires; cependant, la tradition biblique lie l'importance du Sabbat au récit de la création dans Genèse 1:1-2:3. Dans ce récit, Yahweh cesse de créer le septième jour. Des textes comme Exode 31:12-18 s'en inspirent en comprenant la création comme une preuve précoce d'une alliance entre les Israélites et Yahweh. Cependant, comme Genèse 1:1-2:3 date probablement de la période perse, le caractère central de la pratique du Sabbat est probablement apparue entre le 6ème et le 5ème siècle av. JC Ainsi, si des textes antérieurs font référence au Sabbat (2 Rois 4:23, 11:4-12, 16:17-18), il ne devient un thème central majeur que dans la littérature datée de la période perse.

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Par exemple, 1 et 2 Chroniques commentent de manière relativement cohérente ce qu'implique la pratique du Sabbat. Ces textes, qui sont des réinventions de 1 et 2 Rois et datent de la période perse, notent des aspects du Sabbat en rapport avec le Temple : sacrifice dans le Temple le jour du Sabbat (2 Chr. 2:4, 31:3) et rangée de pain préparée pour le Sabbat (1 Chr. 9:32). Dans le livre de Néhémie, dont certains passages datent du 5ème siècle av. JC, les règlements relatifs au Sabbat deviennent plus précis: l’achat et la vente de nourriture, le chargement et le transport de matériaux sont tous fixés pour se situer en dehors du jour de repos du Sabbat. Il est à noter cependant que l’on ne trouve pas de mention du Sabbat dans les textes d'Éléphantine. Bien que cette absence ne signifie pas nécessairement qu'il n'était pas pratiqué là, elle soulève cette possibilité.

Le Sabbat devint particulièrement important pour le Judaïsme primitif au cours de la période hellénistique. Au 2ème siècle av. JC, le souverain séleucide Antiochos IV chercha à établir son contrôle sur Jérusalem. Selon les documents historiques, une partie de sa stratégie consistait à helléniser les Judéens. Il attaqua donc Jérusalem le jour du Sabbat, dédia le temple de Yahweh à Zeus en brûlant du porc sur un autel, et interdit la Torah et la circoncision. L'opposition à ces aspects normatifs de l'identité et de la pratique religieuses judéennes créa un fossé entre les dirigeants hellénistiques, les non judéens, et les Judéens. Ce fossé a encouragé les Judéens à se définir par ces facteurs (le Sabbat, le temple de Yahweh à Jérusalem, l'impureté du porc, la Torah et la circoncision) encore plus qu'avant les actions d'Antiochos IV. En réponse à ses actions, un groupe de Judéens, d'abord mené par Mattathias, se rebella et jeta les bases d'un royaume de Judée, qui devait être dirigé par la dynastie des Hasmonéens.

Autres Rituels

L'un des principaux rituels du judaïsme primitif était la circoncision. Au sens large, elle représentait l'alliance entre les Judéens et Yahwé (Gn 17:10-14; Ex 4:24-26; Jos 5 :2-12; Dt 10:16; Jr 4:4; 9:25; 9:26). D'autres fêtes se sont également développées, comme Yom Kippour (Jour du Grand Pardon), Roch Hodesh (Fêtes de la Nouvelle Lune), Chavouot (Fête des Semaines), Soukkot (Fête des Tabernacles) et Hag Hamatsot (Fête des Pains sans levain). Bien que chaque fête ait atteint une signification théologique et une pratique uniques dans les traditions judéennes, elles reflètent une corrélation ancienne plus large avec le calendrier agricole. Au IIème siècle av. JC, Hanoukka est devenue un moment important pour se souvenir de la consécration du Temple de Jérusalem en réponse aux actions d'Antiochos IV.

Mikvah, Qumran
Mikveh, Qumran
Randall Niles (CC BY-NC-SA)

En outre, le Mikveh devint une nécessité rituelle commune au IIème siècle avant notre ère. C’était un bassin d'eau spécial dans lequel les adultes étaient censés s’immerger pour la pureté rituelle. Plus de 850 mikvehs ont été découverts dans divers contextes (sites funéraires, maisons, synagogues, centres agricoles, etc.), ce qui suggère que le bain rituel était une pratique essentielle à partir du IIème siècle av. JC.

Enfin, les synagogues sont attestées (sur le plan archéologique) pour la première fois à l'époque hellénistique. Une inscription sur une plaque du IIIème siècle av. JC en Égypte dit ceci : "Au nom du roi Ptolémée et de la reine Bérénice, sa sœur et sa femme, et de leurs enfants, les Juifs (ont dédié) la proseuche" (Grabbe, 235). ‘Proseuche’ est le mot grec pour ‘lieu de prière’. En raison de la centralité croissante de la prière pendant la période hellénistique, le développement d'une maison de prière est une conséquence naturelle.

La Bible Hébraïque

La Bible hébraïque, également connue sous le nom de Tanakh ou Ancien Testament, est une anthologie de textes judéens écrits, composés et compilés entre le 8ème siècle av. JC et le 2ème siècle av. JC. Ainsi, la Bible hébraïque n'a pas commencé comme un livre unique ; elle s'est plutôt développée au fil du temps par la compilation de nombreux textes judéens. Ces textes cependant, n'ont pas toujours été compris comme des textes saints, d'inspiration divine et faisant autorité; le rôle des textes judéens dans l'expression religieuse s'est développé entre le 6ème siècle av. JC et le 1er siècle ap. JC.

Généralement daté entre le 8ème et le 6ème siècle av. JC, le livre des Rois raconte l'histoire de l'ancien Israël et de Juda depuis le règne de David jusqu'à la destruction du Temple de Jérusalem au 6ème siècle av. JC. Le livre des Chroniques raconte l'histoire de la même période; cependant, il a été écrit à l'époque perse et copie une grande partie du matériel des Rois. Par la suite, il ajoute et retranche des textes préexistants dans Rois. Ces changements nous permettent de voir comment le rôle de la Bible hébraïque a évolué dans le Judaïsme primitif.

Par exemple, dans 2 Rois 21:1-16, le roi judéen Manassé est accusé d'avoir "versé beaucoup de sang innocent, jusqu'à remplir Jérusalem d'un bout à l'autre, sans compter le péché qu'il a fait commettre à Juda, de sorte qu'ils firent ce qui est mal aux yeux de [Yahweh]" (2 Rois 21:16). En d'autres termes, l'auteur décide que Manassé était un roi mauvais, maléfique, considéré comme corrompu pour avoir pratiqué la divination et pour avoir parrainé l'adoration de divinités autres que Yahweh. En réponse à ces actions, Yahweh promit de détruire Israël (2 Rois 21:11-13). 2 Chroniques 33:10-17, cependant, amende les actions de Manassé, notant qu'il s'est repenti devant Yahweh, qu'il a retiré toutes les idoles et a fortifié les villes en Juda, et a offert des sacrifices de bien-être et d'action de grâce à Yahweh

Torah
Torah
Horsch, Willy (CC BY-SA)

Ces différences illustrent une nouvelle compréhension de la dynastie davidique. Étant de la lignée de David, les actions de Manassé dans Rois ont probablement délégitimé l'accord négocié entre Yahweh et David, à savoir l'alliance entre le roi David et Yahweh; cependant, Chroniques relégitime la dynastie davidique par l'ajout du repentir de Manassé, de son leadership militaire et religieux. Chroniques réécrit Rois de manière à propager la centralité, la valeur et la légitimité de la dynastie davidique.

Les différences illustrent également l'importance croissante de la loi de Yahweh. Tout en décrivant les mauvaises actions de Manassé dans les Chroniques, le narrateur explique la norme que Manassé n'a pas respectée à travers les paroles de Yahweh: fais "tout ce que je leur ai commandé selon toute la loi, les statuts et les ordonnances donnés par Moïse" (2 Chroniques 33:8). Rois note la loi, les statuts et les ordonnances de Yahweh, qui sont tous des aspects communs de la pratique religieuse ancienne; cependant, il ne précise pas qu'il s'agit de la loi donnée par Moïse. Chroniques précise que la loi a été donnée par Moïse. Cet ajout suggère que l'obéissance à la loi donnée par Moïse devenait un aspect central de la pratique religieuse pendant la période perse. Bien qu'il soit difficile d'identifier exactement ce qui constituait la loi de Moïse à l'époque perse, il est possible qu'il s'agisse de ce que nous comprenons aujourd'hui comme étant les cinq premiers livres de la Bible hébraïque: Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome (communément appelés la Torah ou Pentateuque).

Lorsque la Bible hébraïque commença à être perçue comme offrant une instruction divine, les idées qu'elle contienait ont commencé à servir de marqueurs de pratiques et de croyances pour les Judéens, même si divers textes judéens et bibliques exprimaient parfois des visions théologiques et du monde distinctes. Ainsi, plutôt que d'être des textes saints, sanctifiés, les textes de la Bible hébraïque étaient représentatifs de pratiques et d'idées centrales pour l'identité de certains Judéens.

D'une manière générale, le rôle de la Bible hébraïque en tant que document faisant autorité sur le plan religieux devint plus central au cours de la période hellénistique. Au cours de cette période, des textes comme le Testament des Douze Patriarches (IIème siècle av. JC) traitent la Torah comme une forme de sagesse universelle. Les interdictions et les lois de la Torah étaient présentes parce que la Torah était la loi naturelle. Malgré cela, diverses factions judéennes avaient des idées différentes sur la manière dont la Bible hébraïque et la Torah faisaient autorité sur le plan religieux. L’historien Lester L. Grabbe décrit bien les façons dont des gens étaient en désaccord sur la Torah dans le Judaïsme primitif :

L'élément le plus problématique [pour définir l'identité juive] est probablement la "Torah" car il y a des évidences que différents Juifs avaient des idées différentes sur ce qui devait être inclus dans le concept (canon), sur l'interprétation de ce qui était inclus (exégèse), et sur l'importance relative des traditions acceptées (faisant autorité) (294).

Il n'y avait pas qu'une seule façon de pratiquer le Judaïsme. Bien que les divers groupes aient partagé largement les mêmes traditions, ils les ont souvent exprimées de manière unique et distincte; la Bible hébraïque elle-même reflète une diversité de traditions religieuses judéennes. La reconnaissance de cette diversité au sein de traditions communes est essentielle pour comprendre le Judaïsme primitif dans une perspective historique.

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Bibliographie

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

William Brown
William Brown dirige la Biblical Review et est le responsable de la révision d'Ancient History Encyclopedia. Il maîtrise l'hébreu, l'akkadien et le grec, et a publié quelques articles dans des revues universitaires et dans Ancient History Encyclopedia.

Citer cette ressource

Style APA

Brown, W. (2017, octobre 25). Judaïsme Primitif [Early Judaism]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1139/judaisme-primitif/

Style Chicago

Brown, William. "Judaïsme Primitif." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le octobre 25, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1139/judaisme-primitif/.

Style MLA

Brown, William. "Judaïsme Primitif." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 oct. 2017. Web. 27 avril 2024.

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