Vie Quotidienne dans l'Empire Inca

Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 septembre 2016
X
translations icon
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol

La vie quotidienne dans l'empire inca se caractérisait par des relations familiales étroites, des travaux agricoles, un service militaire ou d'État parfois obligatoire pour les hommes, et des moments de fête occasionnels pour célébrer les événements importants de la vie de la communauté et les temps forts du calendrier agricole.

Famille et ayllu

La famille était un élément fondamental de la société inca, et des liens étroits étaient tissés entre les membres de la famille, même éloignés, et pas seulement entre les proches. Par exemple, les mots désignant le père et l'oncle étaient les mêmes, tout comme ceux désignant la mère et la tante, et le mot désignant le cousin était le même que celui désignant le frère et la sœur. Les conventions d'appellation illustrent le fait que la lignée masculine était considéréepar les Incas comme étant la plus importante.

Supprimer la pub
Advertisement

Inca Farmers
Fermiers incas
Felipe Guaman Poma de Ayala (Public Domain)

Les membres de la famille élargie appartenaient tous au même groupe de parenté ou ayllu . Certains de ces groupes, composés de centaines de petites unités familiales, étaient suffisamment importants pour être considérés comme une sous-tribu. Les mariages en dehors de ce groupe étaient inhabituels, de sorte que tous les membres de l'ayllu étaient, dans la pratique, apparentés. Ils se croyaient issus d'un ancêtre commun, généralement un personnage légendaire ou même un animal mythique. Les ancêtres étaient souvent momifiés et vénérés lors de cérémonies rituelles régulières. Outre le sang, une autre identité collective était le fait qu'un ayllu était propriétaire d'un territoire particulier et que les anciens le répartissaient entre les différentes familles pour qu'elles puissent y travailler et devenir autonomes.

Les communautés incas avaient la possibilité de renforcer les pratiques culturelles communes et les liens personnels lors des naissances, des mariages et des funérailles.

Le système ayllu de gouvernance sociale était bien plus ancien que les Incas eux-mêmes, mais après leur conquête des tribus locales, ils utilisèrent ses conventions - par exemple, le travail commun au service du ou des chefs ayllu et le rôle d'organe politique et commercial pour les relations avec les autres ayllu - à bon escient pour mieux gouverner leur empire. Les Incas mirent également l'accent sur les liens géographiques entre les individus et introduisirent une nouvelle classe aristocratique à laquelle on ne pouvait accéder à partir d'un groupe social inférieur par le biais du mariage. De nouveaux ayllus furent même créés (chaque roi inca créait le sien, les déplacements forcés étant une autre raison), et surtout, les guerriers ne prêtèrent plus allégeance au chef de leur ayllu, mais au souverain inca de Cuzco. De même, l'ayllu pouvait continuer à vénérer certaines divinités locales, mais celles-ci étaient subordonnées aux dieux incas, en particulier au dieu soleil Inti. Enfin, les Incas tenaient des registres de recensement précis à l'aide de leur quipu (khipu), un dispositif de cordes nouées, dans lequel les hommes de l'empire étaient classés en fonction de leur âge et de leur capacité physique à travailler dans les mines, dans les champs ou dans l'armée.

Supprimer la pub
Advertisement

Plusieurs de ces changements culturels survenus sous la domination inca pourraient bien avoir été des facteurs de l'effondrement de l'empire à la suite de l'invasion européenne et expliquer l'empressement de nombreuses communautés à s'allier aux conquistadores contre leurs suzerains incas. Avec des chefs éloignés, un tribut et une religion imposés, un sentiment d'isolement et d'anonymat dans le vaste empire inca, l'ayllu traditionnel, avec ses liens étroits entre les individus, un héritage commun et des chefs familiers, devait sembler un mode de vie bien plus préférable.

Naissance

Comme dans la plupart des cultures anciennes (et peut-être dans de nombreuses cultures modernes), les événements, outre la guerre, où les communautés incas avaient le plus l'occasion de renforcer les pratiques culturelles communes et les liens personnels étaient les naissances, les mariages et les funérailles. Là encore, comme dans les sociétés anciennes, les naissances et les décès étaient nombreux, en particulier le taux de mortalité infantile. Les familles de l'ancien Pérou comptaient en moyenne cinq membres. Il n'y avait pas de contrôle des naissances (ou infanticide) et les enfants des deux sexes étaient les bienvenus afin qu'ils puissent aider la famille dans les travaux des champs. La grossesse n'interrompait pas les tâches agricoles de la femme, et lorsqu'elle accouchait, il n'y avait pas d'aide de la part d'une sage-femme. Les bébés étaient gardés dans un berceau portatif en bois que la mère pouvait porter pendant qu'elle travaillait.

Supprimer la pub
Advertisement

Une fois sevré, une fête (le rutuchicoy) était organisée au cours de laquelle le bébé était nommé, recevait des cadeaux et ses ongles et ses cheveux coupés étaient mis de côté. L'enfant recevait de ses parents tout ce qu'il avait besoin de savoir, car il n'y avait ni école ni système d'écriture, et il était censé aider ses parents dès qu'il savait marcher. C'est pourquoi la plupart des enfants apprenaient le métier de leurs parents. Les enfants de la noblesse de Cuzco recevaient cependant une instruction formelle concernant la religion et l'histoire inca, le quipu et la guerre. Un nombre restreint de filles étaient choisies comme futures prêtresses et formées à la religion, au tissage, à la préparation de plats spéciaux et à la préparation de la bière chicha pour les fêtes religieuses.

Map of the inca Empire
Carte de l'Empire inca
Wikipedia User: Zenyu (Public Domain)

Puberté

La puberté était un passage important pour les garçons comme pour les filles. Ces dernières avaient droit à une fête en leur honneur et recevaient des cadeaux ainsi que leur nom (par leur oncle le plus âgé), qu'elles utiliseraient dans leur vie d'adulte. Les garçons avaient un rite de passage plus communautaire impliquant des courses et des sacrifices et leurs oreilles étaient percées afin de porter les pavillons d'oreilles du rang Inca. Là encore, ils recevaient un nouveau nom d'adulte. Il n'y avait pas de nom de famille dans la société péruvienne, et les prénoms pouvaient être ceux qui décrivaient le mieux l'individu, d'où des noms tels que "Condor"(Kuntur), "Jaguar"(Uturunku), "Étoile"(Cuyllor), "Or"(Qori), et "Pur"(Ocllo). Les enfants de l'élite portaient plusieurs autres noms et titres en fonction du rang et des exploits qu'ils avaient accomplis au cours de leur vie.

Mariage

L'événement suivant dans la vie d'un jeune était le mariage. Celui-ci avait probablement lieu lorsque le couple était adolescent, bien que les chroniqueurs ne soient pas d'accord sur ce point. Un homme n'était pas considéré adulte tant qu'il ne s'était pas marié. Comme dans toute économie agricole, il n'était pas économiquement possible de rester célibataire et, pour la même raison, le divorce n'existait pas, du moins officiellement. Le choix du partenaire semble avoir été largement laissé à l'appréciation des individus concernés, en concertation avec leurs parents. Lorsque le père de la fille acceptait le don traditionnel de feuilles de coca du garçon, l'affaire était faite. Les cérémonies de mariage n'étaient pas organisées pour des couples individuels, mais peut-être une fois par an pour tous ceux qui se mariaient dans un ayllu particulier. Dans certaines régions, il était également possible de procéder à des mariages à l'essai où le couple vivait ensemble pendant une courte période avant de s'engager dans l'obligation totale du mariage. La virginité n'étant pas particulièrement prisée dans l'ancien Pérou, la jeune fille ne subissait aucune répercussion sur sa réputation, du moins à cet égard, en cas d'échec.

Supprimer la pub
Advertisement

Après la cérémonie non religieuse du festin et de l'échange de cadeaux, la mariée s'installait dans la région de la famille de son partenaire dans une nouvelle maison et travaillait avec son mari la terre qu'il avait héritée à la naissance. La quantité de terre dont la mariée avait hérité (la moitié de celle accordée aux hommes) était reversée aux terres communales de l'ayllu. La maison familiale était une construction simple faite de briques de terre ou de murs en terre battue, avec un toit de chaume, une seule porte basse et aucune fenêtre. À l'intérieur, il y avait un foyer central et les lits étaient faits de peaux de lama. L'espace de vie était divisé en deux parties: l'une pour dormir et l'autre pour cuisiner et élever des animaux domestiques tels que des cochons d'Inde.

Khipu
Quipu
Jack Zalium (CC BY-NC-SA)

Dans une culture où les guerres fréquentes faisaient que la population masculine était nettement inférieure à la population féminine, la polygamie était autorisée, bien qu'elle semble avoir été limitée en grande partie à l'aristocratie pour laquelle il était également courant d'avoir de nombreuses concubines. La première épouse était toujours celle qui avait le statut le plus élevé, même s'il y avait des épouses secondaires. Un veuf pouvait se remarier avec la personne de son choix, mais une veuve ne pouvait épouser que le frère de son mari.

Vie professionnelle

Les deux sexes travaillaient dans les champs à l'aide d'outils simples, souvent en équipe, ou bien ils élevaient du bétail, pêchaient ou chassaient, selon l'endroit où ils se trouvaient. Les hommes pouvaient être appelés à effectuer des travaux (construction et entretien des routes incas ou agriculture sur les terres de l'État inca) ou à servir les souverains incas en tant que soldats. Lorsque cela se produisait et que les hommes étaient appelés à partir, leurs voisins les aidaient afin que la ferme familiale puisse continuer à fonctionner.

Supprimer la pub
Advertisement

Les femmes étaient censées préparer les repas, s'occuper des enfants et effectuer les tâches nécessaires comme le nettoyage et le tissage. Cette dernière activité fournissait des vêtements en laine de camélidés, généralement un seul ensemble pour chaque membre de la famille. En ce qui concerne les vêtements, les hommes portaient un pantalon (huara), une chemise sans manches (cushma ou uncu) et, si nécessaire, une cape en laine (yacolla). Les femmes portaient une longue tunique ceinturée (anacu) et une yacolla, également. Les chaussures, si elles étaient portées, prenaient la forme de sandales en cuir et en corde de laine (usuta). Outre le tissage, d'autres activités artisanales pouvaient être pratiquées, notamment la poterie, qui était fabriquée par les deux sexes.

Inca Textile Bag
sac en textile inca
Lombards Museum (GNU FDL)

Les repas étaient probablement les événements quotidiens les plus attendus, une fois le matin et une fois le soir, avec du bois ou de la bouse de lama comme combustibles les plus courants. Le régime alimentaire était essentiellement végétarien, la viande étant réservée aux occasions spéciales, bien que les communautés côtières aient eu accès aux fruits de mer. La bouillie de quinoa, le maïs et les pommes de terre étaient des aliments de base, les fruits sauvages étaient facilement accessibles, allant des cerises acides aux ananas, et les friandises comprenaient du pop-corn.

Les deux sexes participaient aux cérémonies religieuses publiques et aux festivités liées au calendrier agricole, où la consommation de bière chicha était un moment fort. La danse était un élément important des festivités, les danseurs imitant des activités telles que la chasse, les semailles ou les batailles. L'accompagnement musical était assuré par des flûtes de pan en céramique, des tambours, des cloches, des claquoirs, des hochets, des tambourins et des trompettes en coquillage. Les activités de loisirs semblent avoir été peu nombreuses, mais on trouve des traces de sports tels que la course et le saut, les jeux de société et les jeux de dés. Les récitals de poésie, les récits de mythes et les ballades traditionnelles étaient d'autres passe-temps populaires.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Mort

Le culte des ancêtres était un élément important de la culture péruvienne ancienne. Les individus étaient momifiés et soigneusement conservés afin d'être présentés à nouveau lors de cérémonies publiques régulières. Les momies étaient placées en position fœtale et enveloppées dans des tissus fins si la famille pouvait se le permettre. Les biens du défunt et les outils qu'il avait utilisés dans sa vie étaient également enterrés avec lui ou, parfois, brûlés lors d'un rituel. La cérémonie funéraire pouvait durer une semaine et, dans le cas de la noblesse, les femmes et les serviteurs de moindre importance étaient parfois sacrifiés pour accompagner le corps dans l'autre vie. Les momies étaient enterrées dans des tombes ou placées dans des grottes. Les enfants qui n'atteignaient pas l'âge adulte étaient souvent enterrés dans des urnes en poterie. Une période de deuil était observée (jusqu'à un an pour l'élite de Cuzco) pendant laquelle les vêtements noirs étaient portés et les femmes se couvraient la tête. Un homme ne pouvait se remarier moins d'un an, parfois même deux, après la cérémonie funéraire de sa première épouse. Les tombes des défunts étaient régulièrement rouvertes pour offrir de la nourriture et des boissons aux momies ou pour accueillir de nouveaux occupants.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, septembre 23). Vie Quotidienne dans l'Empire Inca [Daily Life in the Inca Empire]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-953/vie-quotidienne-dans-lempire-inca/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Vie Quotidienne dans l'Empire Inca." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 23, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-953/vie-quotidienne-dans-lempire-inca/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Vie Quotidienne dans l'Empire Inca." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 sept. 2016. Web. 05 mai 2024.

Adhésion