Memphis (Égypte Ancienne)

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 septembre 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais, grec, persan, espagnol, Turc
Egyptian Memphis Reconstruction (by Ubisoft Entertainment SA, Copyright, fair use)
Reconstruction de Memphis en Égypte
Ubisoft Entertainment SA (Copyright, fair use)

Memphis était l'une des villes les plus anciennes et les plus importantes de l'Égypte ancienne, située à l'entrée de la vallée du Nil, près du plateau de Gizeh. Elle était la capitale de l'Égypte ancienne et un important centre de culte religieux.

Le nom original de la ville était Hiku-Ptah, mais elle fut plus tard connue sous le nom d'Inbu-Hedj, ce qui signifie "Murs blancs", car elle était construite en briques de terre crue, puis peinte en blanc. À l'époque de l'Ancien Empire (c. 2613-2181 av. J.-C.), elle était connue sous le nom de Men-nefer ("la belle et durable"), que les Grecs traduisirent par "Memphis". Elle aurait été fondée par le roi Ménès (c. 3150 av. J.-C.) qui réunit les deux terres d'Égypte en un seul pays. Les rois de la période thinite en Égypte (c. 3150-2613 av. J.-C.) et de l'Ancien Empire (c. 2613-2181 av. J.-C.) gouvernèrent depuis Memphis, et même lorsqu'elle n'était pas la capitale, elle resta un important centre de commerce et de culture.

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La ville occupe une place importante dans l'histoire de l'Égypte, depuis les premiers documents de l'ère dynastique jusqu'à la dynastie ptolémaïque (323-30 av. J.-C.), mais elle existait sans aucun doute déjà pendant la période prédynastique (6000-3150 av. J.-C.). La situation de la ville à l'entrée de la vallée du Nil en aurait fait un lieu naturel idéal pour une première communauté. Depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin de l'histoire de l'Égypte ancienne, à l'époque romaine, Memphis joua un rôle dans la vie de ses habitants.

Les rois y régnaient, le commerce se faisait sur les marchés, les grands temples religieux attiraient les pèlerins et les touristes, et certains des rois les plus célèbres du pays construisirent leurs grands monuments dans la ville ou à proximité. Alexandre le Grand se fit couronner pharaon à Memphis, et la pierre de Rosette, la stèle qui permit de percer le secret des hiéroglyphes égyptiens, avait été initialement créée dans cette ville.

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Après l'annexion de l'Égypte par les Romains, Memphis commença à décliner. Ce déclin fut accéléré par la montée du christianisme au 4e siècle de notre ère, lorsque les gens cessèrent de visiter les anciens temples et sanctuaires des dieux égyptiens. Au VIIe siècle, à la suite de l'invasion arabe, Memphis n'était plus qu'une ruine dont les bâtiments étaient exploités pour en extraire la pierre nécessaire aux fondations du Caire et à d'autres projets.

Nom et importance

L'historien Manéthon, du IIIe siècle avant notre ère, affirme que le premier roi d'Égypte, Ménès, construisit la ville après l'unification de l'Égypte. À cette époque, la ville était connue sous le nom de Hiku-Ptah, ce qui signifie "Manoir de l'âme de Ptah". Ptah était probablement un dieu de la fertilité pendant la période prédynastique, mais il fut élevé au rang de "Seigneur de la vérité" et de "Créateur du monde" au cours de la période thinite. Il était le dieu protecteur de la région de Memphis et devint la divinité protectrice de la ville après qu'elle eut été construite en son honneur.

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Ptah
Ptah
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

D'autres inscriptions attribuent la construction de Memphis au successeur de Ménès, Hor-Aha, qui aurait visité le site, et non la ville, et l'aurait tellement admiré qu'il aurait modifié le cours du Nil pour créer une vaste plaine propice à la construction. Hor-Aha a été assimilé à Ménès en raison de diverses inscriptions, mais "Ménès" semble avoir été un titre signifiant "Celui qui endure", et non un nom personnel, et pourrait avoir été transmis par le premier roi. Le premier bâtisseur de la ville fut probablement Narmer, le roi qui unifia l'Égypte, connu sous le nom de Ménès. La légende de la visite d'Hor-Aha et du détournement du fleuve est très probablement une version d'un conte antérieur raconté par Ménès (Narmer), autour duquel de nombreuses légendes miraculeuses se sont développées.

Le nom primitif de la ville, Hiku-Ptah, a donné à l'Égypte le nom grec du pays. Les Égyptiens eux-mêmes appelaient leur pays Kemet , ce qui signifie "terre noire", en raison de la richesse et de la noirceur du sol. Le nom Hiku-Ptah fut traduit par les Grecs par "Aegyptos", qui devint "Égypte". Le fait que les Grecs aient donné le nom de la ville au pays témoigne de la puissance et de la renommée de l'ancienne Memphis.

Histoire ancienne

Au début de la période dynastique, la ville était appelée Inbu-Hedj ("murs blancs") car les murs en briques de terre étaient peints en blanc et luisaient au soleil à des kilomètres à la ronde. Il n'y a cependant aucune preuve que le nom de la ville ait changé. Cette nouvelle épithète apparut probablement au début de la troisième dynastie d'Égypte (c. 2670 - c. 2613 av. J.-C.), lorsque Djéser arriva au pouvoir. Auparavant, les rois étaient enterrés à Abydos, mais vers la fin de la deuxième dynastie d'Égypte (c. 2890-c. 2670 av. J.-C.), ils furent enterrés près de Memphis, à proximité de Gizeh.

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Djéser aurait élevé le statut de la ville en en faisant sa capitale, mais elle était déjà le siège du pouvoir en Égypte avant son règne. Il est plus probable qu'il ait accru le prestige de la ville en choisissant un site proche, Saqqarah, pour son complexe mortuaire et son tombeau pyramidal. Les murs blancs de la ville auraient reflété le statut de ce roi et attiré l'attention sur sa demeure éternelle toute proche.

L'égyptologue Kathryn A. Bard écrit : "Le cimetière de Saqqarah Nord est situé sur une crête calcaire dominant la vallée et la présence de grandes superstructures aux niches élaborées aurait été un symbole de prestige très impressionnant" (Shaw, 72). Il est possible que les murs de la ville aient été peints en blanc pour mieux refléter ce statut. Selon l'égyptologue Toby Wilkinson, ce ne sont pas les murs de la ville mais ceux du palais central qui étaient peints en blanc et qui donnèrent à la ville son épithète. Wilkinson écrit:

Avec son extérieur blanchi à la chaux, ce bâtiment connu sous le nom de Mur blanc devait être un spectacle éblouissant, comparable dans son symbolisme à la Maison Blanche d'une superpuissance moderne. D'autres bâtiments royaux dans tout le pays furent délibérément modelés sur le Mur Blanc. (31)

Il ne fait cependant aucun doute que la ville était déjà la capitale d'une Égypte unifiée avant Djéser et qu'elle était tenue en haute estime; il est donc possible que les murs de la ville ou du palais aient été peints en blanc avant le règne de Djéser. Bard note que "des tombes de hauts fonctionnaires ont été trouvées à Saqqarah Nord, non loin de là, et des fonctionnaires de tous niveaux furent enterrés sur d'autres sites de la région memphite". Ces preuves funéraires suggèrent que Memphis était le centre administratif de l'État" (Shaw, 64). Les fouilles ont mis au jour des poteries et des objets funéraires datant de la première dynastie d'Égypte, même si Manéthon affirme que Memphis ne devint la capitale qu'à partir de la troisième dynastie.

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Capitale de l'Ancien Empire

Au cours de l'Ancien Empire, la ville resta la capitale. Le roi Snéfrou (c. 2613-2589 av. J.-C.) régnait dans la ville alors qu'il commandait ses grandes pyramides. Snéfrou perfectionna l'art de la construction des pyramides et du travail de la pierre qui avait été initié par le vizir et architecte en chef de Djéser, Imhotep (c. 2667-2600 av. J.-C.) à Saqqarah. Le successeur de Snéfrou, Khéops (alias Khoufou, c. 2589-2566 av. J.-C.), s'appuya sur son succès pour créer la Grande Pyramide à Gizeh. Ses successeurs, Képhren (alias Khafrê c. 2558-2532 av. J.-C.) et Mykérinos (alias Menkaourê, c. 2532-2503 av. J.-C.) y construisirent leurs propres pyramides après lui. Memphis, en tant que capitale, était le siège et la source de la bureaucratie complexe et étendue qui permit à ces rois d'organiser le type de main-d'œuvre et les ressources nécessaires à la construction de leurs énormes complexes et pyramides.

À l'époque du premier roi de la Ve dynastie, Ouserkaf (c. 2498-2491 av. J.-C.), Gizeh était une nécropole florissante administrée par les prêtres des dieux et présentant tous les aspects d'une petite ville: magasins, usines, temples, rues et maisons privées. Memphis continua à se développer à cette époque et refléta les développements de Gizeh. Le temple de Ptah devint un centre religieux important et des monuments furent érigés dans toute la ville en l'honneur de ce dieu.

Dans le même temps, le culte du dieu soleil (Râ) gagna en popularité et les prêtres de Rê, qui administraient les complexes de Gizeh, devinrent plus puissants. Ouserkaf, constatant peut-être qu'il n'y avait plus de place pour construire à Gizeh, choisit la ville voisine d'Abousir comme site pour son complexe mortuaire et fit construire un temple à Rê en son honneur, le premier d'une longue série de temples construits sous la Ve dynastie, alors que le culte de Rê gagnait en popularité.

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The Pyramids, Giza, Egypt
Les Pyramides de Gizeh
Shellapic76 (CC BY)

Sous le règne du roi de la VIe dynastie, Pépi Ier (c. 2332-2283 av. J.-C.), la ville était connue sous le nom de Memphis. L'historienne Margaret Bunson explique:

Pépi Ier construisit sa magnifique pyramide à Saqqarah. Ce monument mortuaire fut appelé Men-nefer-Mare, la "belle pyramide établie"". Le nom désigna bientôt la région environnante, y compris la ville elle-même. Elle fut appelée Men-nefer ["la belle et durable"], puis Menfi. Les Grecs, visitant la capitale des siècles plus tard, traduisirent le nom en Memphis. (161)

Les rois de la VIe dynastie perdirent progressivement leur pouvoir sur le pays, les ressources s'amenuisèrent, les prêtres de Rê et les fonctionnaires locaux devinrent plus riches et plus puissants, et l'autorité de Memphis s'amenuisa. Sous le règne de Pépi II (c. 2278-2184 av. J.-C.), le pouvoir du roi ne cessa de décliner. Une sécheresse entraîna une famine contre laquelle le gouvernement de Memphis ne put rien faire, et la structure du pouvoir de l'Ancien Empire s'effondra.

Essor de Thèbes

Memphis continua à servir de capitale pendant la première partie de l'ère connue sous le nom de Première Période Intermédiaire (c. 2181-2040 av. J.-C.). Les archives de cette période sont souvent confuses ou manquantes, mais il semble que Memphis soit restée la capitale pendant les VIIe et VIIIe dynasties, les rois revendiquant pour eux-mêmes l'autorité et la légitimité des souverains de l'Ancien Empire. Le siège du pouvoir dans la capitale traditionnelle était cependant le seul aspect du règne qu'ils avaient en commun avec les anciens monarques d'Égypte. Alors qu'ils se plaisaient à croire en leur propre autorité, les fonctionnaires locaux (nomarques) des districts commencèrent à gouverner leurs communautés de manière indépendante. Memphis semble encore avoir été reconnue comme capitale, mais elle ne l'était que de nom.

Memphis, en tant que capitale de l'Ancien Empire, était le siège et la source de la bureaucratie complexe et étendue qui permettait à ces rois d'organiser la main-d'œuvre et les ressources nécessaires à la construction de leurs énormes complexes et pyramides.

À la fin de la 8e dynastie ou au début de la 9e, les rois de Memphis déplacèrent la capitale vers la ville d'Héracléopolis, peut-être dans le but de revitaliser leur autorité d'une manière ou d'une autre. Les raisons de ce déplacement ne sont pas claires, mais ils n'avaient pas plus d'importance pour le pays à Héracléopolis qu'ils n'en avaient à Memphis.

La Première Période Intermédiaire a traditionnellement été caractérisée comme un "âge sombre" de chaos, mais il s'agit en fait d'une période où les gouverneurs régionaux avaient plus de pouvoir que le gouvernement central et où l'Égypte n'était plus unifiée sous l'autorité d'un seul dirigeant fort. Les nomarques des différents districts connurent des succès variables en fonction de leurs talents et de leurs ressources, mais une ville en particulier commença à devenir plus puissante que les autres grâce à la bonne gouvernance de ses nomarques.

Thèbes n'était qu'une ville provinciale de Haute-Égypte lorsqu'un fonctionnaire nommé Antef l'Ancien (c. 2125 av. J.-C.) prit le pouvoir. Antef l'Ancien dynamisa les Thébains et remit en cause l'autorité des rois d'Héracléopolis. Ses successeurs poursuivirent sa politique, menant des guerres contre le faible gouvernement central, jusqu'au règne de Montouhotep II (c. 2061-2010 av. J.-C.), qui renversa les rois d'Héracléopolis et unifia l'Égypte sous la domination thébaine.

Thèbes devint alors la capitale de l'Égypte et les grands monuments qui avaient été érigés à Memphis s'élevèrent dans cette ville. Le gouverneur Antef II (vers 2112-2063 av. J.-C.) est considéré comme le premier à élever un monument à Karnak et Montouhotep II ajouta à la grandeur de Thèbes son propre complexe mortuaire. La ville ne resta capitale que jusqu'au règne d'Amenemhat Ier (c. 1991-1962 av. J.-C.), qui déplaça la capitale vers le nord, à Iti-tawi, près de Licht.

Memphis et Thèbes restèrent d'importants centres religieux et culturels tout au long du Moyen Empire. La construction du grand temple de Karnak se poursuivit à Thèbes, tandis qu'à Memphis, les sanctuaires et les temples dédiés au dieu Ptah se multiplièrent. Amenemhat Ier éleva un sanctuaire à Ptah à Memphis et ses successeurs patronnèrent également la ville en y ajoutant leurs propres monuments.

Même pendant le déclin du Moyen Empire, à la 13e dynastie, les rois continuèrent à honorer Memphis avec des temples et des monuments. Bien que le culte du dieu Amon ait gagné en popularité, Ptah était toujours honoré à Memphis en tant que divinité protectrice de la ville. Memphis resta un important centre culturel et commercial qui échangeait avec les districts de toute l'Égypte, tout en attirant des visiteurs dans ses temples et ses sanctuaires.

Memphis au Nouvel Empire

Le Moyen Empire fut suivi d'une nouvelle période d'instabilité et de désunion connue sous le nom de Deuxième Période Intermédiaire (c. 1782-1570 avant J.-C.) et caractérisée principalement par la montée en puissance d'un peuple connu sous le nom d'Hyksôs qui régnait sur la Basse-Égypte à partir d'Avaris. Ils prirent le contrôle des villes égyptiennes à partir de leur bastion du nord et firent des raids sur Memphis, emportant des monuments jusqu'à Avaris. Bien que les auteurs égyptiens ultérieurs aient affirmé que les Hyksôs avaient détruit la culture égyptienne et opprimé le peuple, ils admiraient en réalité beaucoup cette culture et l'imitaient dans leur art, leur architecture, leur mode et leurs pratiques religieuses.

Colossus of Ramesses II
Colosse de Ramsès II
Chanel Wheeler (CC BY-SA)

Memphis subit de graves dommages pendant cette période, car les Hyksôs déménagèrent des structures vers Avaris et en détruisirent d'autres. Les Hyksôs furent chassés d'Égypte par Ahmôsis Ier (c. 1570-1544 av. J.-C.) de Thèbes, qui réunifia l'Égypte et inaugura la période connue sous le nom de Nouvel Empire (c. 1570-1069 av. J.-C.). Thèbes redevint la capitale de l'Égypte tandis que Memphis conserva son rôle traditionnel de centre religieux et centre de commerce.

Les grands rois du Nouvel Empire construisirent tous des temples et des monuments à Memphis. Akhenaton (1353-1336 av. J.-C.) construisit un temple pour son dieu Aton à Memphis pendant la période amarnienne, lorsqu'il ferma les temples et bannit le culte de tous les autres dieux. Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.) déplaça la capitale du pays dans sa nouvelle ville de Pi-Ramsès (à l'emplacement d'Avaris), mais honora Memphis par un certain nombre de monuments gigantesques. Ses successeurs continuèrent à respecter Memphis qui était considérée comme la deuxième ville d'Égypte après la capitale.

Importance religieuse et signification ultérieure

Memphis avait toujours joui d'un grand prestige depuis sa fondation et continua à le faire même après le déclin du Nouvel Empire au cours de la Troisième Période Intermédiaire (1069-525 av. J.-C.). Alors qu'un certain nombre de villes furent négligées pendant cette période, le statut de Memphis resta inchangé. En 671 avant notre ère, lorsque le roi assyrien Assarhaddon (681-669 av. J.-C.) envahit l'Égypte, il prit soin de mettre à sac Memphis et de ramener les membres importants de la communauté dans sa capitale de Ninive.

L'importance religieuse de la ville lui permit toutefois de survivre à l'invasion assyrienne et elle fut reconstruite. Memphis devint un centre de résistance à l'occupation assyrienne et fut à nouveau détruite par Assurbanipal (668-627 av. J.-C.), qui envahit la ville en 666 avant notre ère. Assurbanipal saccagea également Thèbes et d'autres villes importantes et plaça des Assyriens à des postes clés dans tout le pays afin d'en conserver le contrôle.

Memphis redevint un centre religieux et, sous les pharaons saïtes de la 26e dynastie (664-525 av. J.-C.), la ville fut reconstruite et fortifiée. Les dieux de l'Égypte, en particulier Ptah, continuèrent d'y être vénérés et d'autres sanctuaires et monuments furent construits en leur honneur.

Alabaster Sphinx in Memphis
Sphinx en albâtre à Memphis
Ian Duffy (CC BY-NC-SA)

En 525 avant notre ère, le général perse Cambyses II envahit l'Égypte, défit l'armée à Pelusium et marcha sur Memphis. Il s'empara de la ville et la fortifia; il en fit la capitale de la satrapie de l'Égypte perse. Lorsqu'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) s'empara de l'Égypte en 331 av. J.-C., il se fit couronner pharaon à Memphis, s'associant ainsi aux grands monarques du passé.

Pendant la dynastie des Ptolémées (323-30 av. J.-C.), qui suivit la mort d'Alexandre, les pharaons grecs maintinrent la ville à son niveau de prestige traditionnel. Ptolémée Ier (323-283 av. J.-C.) respectait la ville et y fit enterrer le corps d'Alexandre au début de son règne. Il honora encore Memphis lorsqu'il établit son nouveau culte de Sérapis à Saqqarah, non loin de là. Ptolémée II (283-246 av. J.-C.) fit transférer le corps d'Alexandre à Alexandrie et y lança un certain nombre de projets de construction, dont le Sérapeum, la grande bibliothèque et l'université. Alexandrie devint le joyau de l'Égypte et un centre d'apprentissage et de culture, et Memphis commença à décliner.

La ville était cependant toujours considérée comme un centre religieux important, et les prêtres de la ville étaient sur un pied d'égalité avec les autorités séculières au pouvoir. Les temples et les sanctuaires des dieux furent reconstruits et rénovés sous les Ptolémées et de nouveaux bâtiments furent construits. L'égyptologue Alan B. Lloyd écrit:

Les prêtres étaient installés dans de nombreux temples, qui furent fréquemment reconstruits ou embellis à l'époque ptolémaïque et constituent encore certains des vestiges les plus spectaculaires et les plus complets de la culture pharaonique. (Shaw, 406)

Ces temples, à Memphis et ailleurs, n'étaient pas seulement des demeures pour les dieux et des centres de culte, mais aussi des usines qui produisaient des vêtements, des artefacts et des œuvres d'art telles que des peintures. Les temples de Memphis permirent à la ville de conserver sa réputation, mais au fur et à mesure que la dynastie ptolémaïque se poursuivait, elle perdit son statut au profit d'Alexandrie. Le décret de Memphis (mieux connu sous le nom de pierre de Rosette) fut publié en 196 avant notre ère par Ptolémée V. Par la suite, la ville perdit peu à peu de son prestige.

Rosetta Stone
Pierre de Rosette
Trustees of the British Museum (Copyright)

Déclin de Memphis

La dynastie ptolémaïque prit fin à la mort de la dernière reine, Cléopâtre VII (69-30 av. J.-C.), et l'Égypte fut annexée par Rome. Alexandrie, avec son grand port et ses centres d'études, devint le point central de l'administration romaine de l'Égypte, et Memphis fut oubliée. Avec la montée du christianisme au IVe siècle de notre ère, Memphis continua à décliner car de moins en moins de gens visitaient les sanctuaires et les temples, et au Ve siècle de notre ère, lorsque le christianisme était la religion dominante de l'Empire romain, Memphis était en décadence.

Au moment de l'invasion arabe du VIIe siècle, la ville était en ruines. Les temples, les bâtiments, les sanctuaires et les murs furent démantelés et utilisés pour construire la ville de Fustat, la première capitale de l'Égypte musulmane, ainsi que la ville du Caire. Aujourd'hui, il ne reste de la ville de Memphis que des moignons de piliers, des fondations, des vestiges de murs, des statues brisées et des morceaux de colonnes près du village de Mit-Rahineh.

Le site a été inscrit par l'UNESCO sur sa liste du patrimoine mondial en 1979 en tant que lieu d'importance culturelle particulière, et il continue d'être une attraction touristique populaire dotée d'un musée. Le sphinx d'albâtre et le colosse de Ramsès II sont particulièrement impressionnants et le site est admiré par les visiteurs d'aujourd'hui autant que la ville de Memphis l'était par ceux de l'Antiquité.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2016, septembre 20). Memphis (Égypte Ancienne) [Memphis (Ancient Egypt)]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15071/memphis-egypte-ancienne/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Memphis (Égypte Ancienne)." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 20, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15071/memphis-egypte-ancienne/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Memphis (Égypte Ancienne)." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 sept. 2016. Web. 27 avril 2024.

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