Fatima

Définition

Syed Muhammad Khan
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 11 septembre 2020
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Calligraphic Version of Fatimah's name (by Mhhossein, CC BY-NC-SA)
Version calligraphique du nom de Fatima
Mhhossein (CC BY-NC-SA)

Fatima (alias Fatima Zahra, née entre 605 et 615, morte en 632; la date de sa mort est controversée) était la plus jeune fille du prophète musulman Mahomet (570-632) et de sa première épouse Khadija (555-619). Prenant la suite de son père, Fatima devint très spirituelle et dévouée à l'islam. Elle épousa Ali ibn Abi Talib (601-661), un cousin du prophète Mahomet, en 624, et ce mariage dura jusqu'à la fin de sa vie. Ses fils Hassan (624-669/670) et Hussein (626-680) furent les seuls petits-enfants survivants du prophète et sont vénérés comme imams (chefs spirituels) par la communauté musulmane chiite, tout comme leur père. Fatima est considérée comme la mère des imams et est vénérée à la fois par les musulmans sunnites et chiites.

Contexte historique

Les musulmans chiites considèrent que seule Fatima est la fille biologique du prophète, tandis que les musulmans sunnites affirment que les quatre filles sont celles de Mahomet.

Le prophète Mahomet (570-632) fut confronté aux railleries, à l'oppression, aux boycotts financiers et même aux violences physiques lorsqu'il commença à prêcher une nouvelle foi - l'islam - au cœur de l'Arabie: La Mecque, à partir de 610. Son plus grand soutien était son épouse Khadija, une femme de 15 ans son aînée mais qui, selon les sources islamiques, éprouvait le plus grand respect pour son mari, ce que ce dernier lui rendait en retour. Le couple eut six enfants, deux garçons, Abdullah et Qasim (tous deux morts en bas âge), et quatre filles, Zaynab (née entre 599 et 629), Ruqayya (née entre 601 et 624), Oumm Koulthoum (née entre 603 et 630) et Fatima (née entre 605 et 615). Cependant, les musulmans chiites considèrent que seule Fatimah est la fille biologique du prophète et que les autres sont les enfants que Khadija aurait eus de ses précédents maris (elle avait été mariée et veuve deux fois auparavant), tandis que les musulmans sunnites soutiennent que les quatre filles sont celles de Mahomet.

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Face aux atrocités commises à La Mecque, après la mort de Khadija et d'Abu Talib (l'oncle et le tuteur de Mahomet) en 619, les disciples du prophète se tournèrent vers Médine pour y trouver asile. L'hégire (migration) de 622, comme on l'a appelée plus tard, est devenue un tournant dans l'histoire de l'islam, car le prophète prit alors le contrôle de la ville de Médine. Le prophète Mahomet, devenu roi, entama une lutte politique et militaire de dix ans contre ses anciens bourreaux et leurs partisans. Cette lutte aboutit à la chute de La Mecque en 629/630 et à l'assujettissement de la majeure partie de l'Arabie à l'islam au moment de sa mort en 632.

Jeunesse et mariage avec Ali

Fatima, la plus jeune enfant de Khadija et de Mahomet, vit le jour à La Mecque entre 605 et 615. La jeune fille perdit sa mère en 619, une année que la tradition islamique appelle "l'année du chagrin". Dès lors, le prophète Mahomet joua un rôle important dans son éducation et lui inculqua les qualités qu'il admirait chez son épouse, telles que la modestie, l'humilité, la spiritualité et la générosité. Lorsque les musulmans s'établirent à Médine, avec le prophète Mahomet à la tête de la cité-État, un conflit armé éclata. Bien que les femmes n'aient pris part à aucune des batailles qui suivirent, elles jouèrent un rôle auxiliaire, notamment en tant que médecins, et Fatima était souvent présente sur le champ de bataille pour soigner les blessures des blessés.

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Outside View of Imam Ali Shrine in Najaf, Iraq
Vue extérieure du sanctuaire de l'Imam Ali à Najaf, Irak
U.S. Navy photo by Photographer's Mate 1st Class Arlo K. Abrahamson (Public Domain)

En 624, Ali ibn Abi Talib (601-661), un cousin du prophète qui s'était également distingué par son héroïsme et sa loyauté envers l'islam, demanda à Mahomet l'autorisation d'épouser Fatimah, ce que ce dernier lui accorda. Après le mariage, le couple s'installa dans une maison proche de celle du prophète. Fatima et Ali eurent cinq enfants: deux filles, Zaynab bint Ali (626-682) et Oumm Koulthoum bint Ali (née en 627), et trois garçons, Muhsin (probablement mort en bas âge, date contestée), Hassan (624-669/670) et Hussein (626-680). Ces deux derniers joueraient un rôle déterminant dans l'idéologie chiite car, comme Ali, ils sont considérés comme des imams, les descendants spirituels du Prophète dans le chiisme.

Toutes les sœurs de Fatima moururent avant elle sans laisser d'enfants, et le prophète Mahomet, accablé de chagrin, trouva du réconfort auprès de sa fille cadette et de ses enfants pendant ses dernières années, jusqu'à ce qu'il ne s'éteigne en 632, maître incontesté de la quasi-totalité de la péninsule arabique.

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Succession de l'empire du prophète

Après la mort de Mahomet, la communauté musulmane fut plongée dans le chaos et la division. Un ami et beau-père du prophète, Abou Bakr (573-634), prit le titre de calife, mais certains s'y opposèrent et considéraient qu'Ali, l'époux de Fatima, était le seul héritier légitime de Mahomet. Le prophète n'ayant pas donné d'ordre explicite concernant la succession, la position d'Abou Bakr fut maintenue. Ali ne faisait pas partie du comité, dont certains voulaient revenir au tribalisme et à l'autonomie (et y seraient parvenus si Abou Bakr n'était pas intervenu), qui décidait du sort de la communauté, ce qui allait créer des problèmes par la suite.

Calligraphic Names of Rashidun Caliphs in Hagia Sophia
Calligraphie des Noms des Califes Rashidun dans Sainte Sophie, Istanbul
Belt93 (CC BY-NC-SA)

De nombreuses sources affirment qu'Omar ibn al-Khattâb (584-644), qui deviendrait plus tard le deuxième calife de l'islam, aurait affronté Ali devant sa maison, tandis que Fatima était restée à l'intérieur (ou, selon certaines sources, était sortie), exigeant qu'il prête serment de fidélité à Abou Bakr. L'altercation s'intensifia et Omar, connu pour son tempérament fougueux, proféra des menaces pour contraindre Ali à prêter allégeance à Abou Bakr. Certains soutiennent que la dispute ne fut que verbale et les premières sources n'en font pas mention. Les sources ultérieures, à partir du 10e siècle, affirment qu'il y eut violence physique, mais ces récits sont incohérents et la chronologie est sujette à débat. Il existe de nombreuses versions de l'histoire (toutes différentes les unes des autres); certaines affirment que Fatima était enceinte à l'époque et que l'affrontement aurait entraîné une fausse couche, tandis que les sources antérieures au 10e siècleindiquent que l'enfant, Muhsin, serait mort en bas âge et que Fatima ne fut pas impliquée dans un quelconque affrontement physique.

Ali se réconcilia avec Abou Bakr et adopta même l'un de ses fils, à savoir Muhammad ibn Abu Bakr (631-658) après sa mort, qui resta un fervent partisan d'Ali jusqu'à sa mort (il fut assassiné par un général opérant sous les ordres de Muawiya, le rival d'Ali). Pendant le mandat d'Omar (634-644), Ali fut son adjoint et le conseilla dans plusieurs décisions importantes, comme l'élaboration du calendrier islamique et le lancement de projets de développement dans l'empire. Omar épousa la fille d'Ali, Oumm Koulthoum bint Ali (bien que le mariage n'ait peut-être pas été consommé), afin de consolider ses relations avec Ali et le Prophète (qui avait épousé l'une de ses filles), mais certaines sources chiites rejettent ce récit historique (tandis que d'autres l'acceptent).

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Différend sur la possession de Fadak

À peine la poussière était-elle retombée sur la querelle de succession, dont Ali semble s'être retiré, que le peuple accepta Abou Bakr comme chef ou, selon les sources chiites, par intimidation ou manque de soutien, qu'une autre querelle éclata. Il s'agissait d'une querelle de propriété et le terrain en question était la moitié d'un jardin dans l'oasis de Khaybar, nommé Fadak, qui avait été acquis par le Prophète dans le cadre d'un traité (629) et, selon certains, était passé en possession de Fatima de son vivant. Abou Bakr affirmait qu'étant donné que la terre avait été acquise dans le cadre d'un traité, à l'époque du prophète, qui était alors le chef de l'État, cette terre appartenait désormais à l'État et n'était pas la propriété personnelle de Mohamet.

La croyance la plus répandue sur la mort de Fatima est qu'elle aurait été brisée par le chagrin et qu'elle aurait contracté une maladie, probablement la tuberculose, qui lui fut fatale.

Le calife étaya son affirmation en citant les paroles du prophète Mahomet lui-même, qui avait indiqué que la terre serait transmise au peuple après sa mort (affirmation contestée). Cependant, Fatima, consciente de ses droits à l'héritage, affirmait que la terre lui avait été transmise et qu'elle avait le droit de la revendiquer en tant que propriété privée. Le débat houleux qui s'ensuivit ne changea rien: Fadak fut confisqué par l'État.

Les actions d'Abou Bakr à cet égard ont fait l'objet d'un débat incessant; selon certains, il aurait regretté sa décision sur son lit de mort. Quant à Fatima, les sources sont divisées: certains affirment que la dame de l'islam refusa de parler au calife jusqu'à la fin de ses jours, tandis que d'autres prétendent qu'ils finirent par se réconcilier et qu'Abou Bakr assista à ses funérailles. La vérité reste un mystère.

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Décès et Ahl al-Bayt (gens de la maison du prophète)

Fatima décéda quelques mois seulement après son père, mais la date de son décès est controversée. La croyance la plus répandue est qu'elle aurait été brisée par le chagrin après la mort de son père et qu'elle aurait contracté une maladie, probablement la tuberculose, qui lui aurait été fatale. Elle fut probablement enterrée dans le cimetière de Jannat al-Baqi (également connu sous le nom de Baqi), mais son lieu de sépulture n'est pas connu. Certains pensent que cela aurait été fait sur son ordre, pour montrer son mécontentement à l'égard du peuple, mais d'autres affirment que l'information s'est tout simplement perdue dans l'histoire.

Ali ne prit aucune autre épouse tant qu'elle était en vie, mais il épousa d'autres femmes après sa mort, conformément aux coutumes de l'époque. Il devint le quatrième calife de l'islam en 656, lorsque Othman ibn Affan fut assassiné par des soldats rebelles. Bien qu'Ali ait passé la totalité de son mandat (656-661) à tenter de ramener l'ordre dans un empire plongé dans le tumulte, lors de ce que l'on a appelé plus tard la première Fitna (656-661), son engagement en faveur de la justice et son penchant pour la chevalerie lui ont valu l'admiration des générations suivantes.

Map of the First Fitna
Carte de la Première Fitna
Al Ameer son (CC BY-SA)

Ali fut assassiné par un groupe de renégats appelé les Kharijites, et Hassan, qui succéda à son père et qui est également inclus dans le califat Rashidun par certains musulmans sunnites, fut contraint d'abdiquer en faveur de Muawiya (r. de 661 à 680; fondateur de la dynastie des Omeyyades), le rival de son père. Il fut ensuite empoisonné par l'une de ses épouses en 669/670 (certains disent que Muawiya serait impliqué).

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Hussein, le frère cadet, vécut jusqu'à la mort de Muawiya et l'accession au trône de son fils Yezid (r. de 680 à 683). Hussein se mit en route pour Koufa, en Irak, qui était autrefois sa capitale. En route vers sa destination, la faible force de Hussein, composée principalement de membres de sa famille et ne comptant pas plus de 72 combattants, fut interceptée par l'armée omeyyade et massacrée à Kerbala (680). La mort de Hussein déclencha un soulèvement qui dura plus de dix ans et se termina par une victoire des Omeyyades lorsqu'ils attaquèrent La Mecque en 692, mais son héritage perdure encore aujourd'hui. Les musulmans chiites commémorent l'anniversaire de la bataille de Kerbala (680) lors de la fête annuelle de l'Achoura (9 et 10 Muharram du calendrier islamique). La maison de Fatima reste un point central de la tradition islamique, tant pour les sunnites que pour les chiites; ces derniers arborent même un insigne représentant la main de Fatima, en particulier pendant l'Achoura, mais aussi dans la routine.

Battle of Karbala
Bataille de Kerbala
Andreas Praefcke (Public Domain)

Héritage

Connue sous plusieurs surnoms, dont al-Zahra (la radieuse), al-Siddiqah (la femme véridique) et al-Tahirah (la femme pure), Fatima était décrite comme une femme belle, courageuse et très modeste. Ceux qui l'ont connue l'ont comparée au prophète de l'islam, tant par son caractère que par sa personnalité. Pour les musulmans, son amour pour son père incarne parfaitement un dicton souvent attribué au prophète: "Les filles sont une bénédiction de Dieu" (certains Arabes préislamiques considéraient la naissance d'une fille comme une malchance).

La modestie de Fatima inspira également de nombreuses femmes musulmanes tout au long de l'histoire. Les couvre-chefs portés par les femmes musulmanes, dont il existe plusieurs versions, y compris le hijab, ne sont pas seulement un symbole et une déclaration religieuse, mais aussi un moyen pour les Muslimahs (femmes musulmanes) d'imiter l'exemple de femmes comme Fatima. La mémoire de Fatima est perpétuée non seulement par les exploits de sa famille, connue sous le nom d'Ahl al-Bayt (les gens de la maison du prophète), mais aussi par les valeurs morales et religieuses qu'elle tenait pour importantes.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Syed Muhammad Khan
Muhammad est biologiste, passionné d'Histoire et écrivain indépendant. Il contribue activement à l'Encyclopédie depuis 2019.

Citer cette ressource

Style APA

Khan, S. M. (2020, septembre 11). Fatima [Fatimah bint Muhammad]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19121/fatima/

Style Chicago

Khan, Syed Muhammad. "Fatima." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 11, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19121/fatima/.

Style MLA

Khan, Syed Muhammad. "Fatima." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 11 sept. 2020. Web. 27 avril 2024.

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