Boadicée

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Caroline Martin
publié le 08 novembre 2013
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Briton Woman Warrior (by The Creative Assembly, Copyright)
Guerrière bretonne
The Creative Assembly (Copyright)

Boadicée (décédée en 61 de notre ère) était la reine celtique des Icènes un peuple de la région de l'Est-Anglie moderne, en Grande-Bretagne, qui mena une révolte contre Rome en 60/61. Le roi Icène, Prasutagos, un allié indépendant de Rome, partagea son domaine entre ses filles et l'empereur romain Néron (empereur de 54 à 68 de notre ère). Quand Prasutagos mourut, cependant, ses terres furent saisies par Rome et les Icènes perdirent leur statut d'alliés.

Lorsque sa femme, Boadicée, s'opposa à cette action, elle fut fouettée et ses deux filles furent violées. Elle monta une révolte contre Rome qui reduisit les anciennes villes romaines de Camulodunum, Londinium et Verulamium en ruines et plus de 80 000 citoyens romains de Bretagne insulaire moururent. Elle fut vaincue à la bataille de Watling Street par le gouverneur romain Gaius Suetonius Paulinus (1er siècle de notre ère) grâce à son choix judicieux du champ de bataille et pour avoir permis à l’armée de Boadicée de couper sa propre route d’évasion en encerclant son arrière avec les chariots, les animaux, et les familles des combattants. Il est dit que Boadicée se serait suicidée en s’empoisonnant après sa défaite.

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Les sources

TACITe PRÉTEND QUE LA RÉVOLTE émanait DU MAUVAIS TRAITEMENT DES ICÈNES TANDIS QUE DIO ÉCRIT QUE LA CAUSE DU SOULÈVEMENT ÉTAIT DUE À UN DIFFÉREND POUR UN PRÊT.

Les principales sources de l'histoire de la révolte de Boadicée sont les historiens romains, Tacite (Publius Cornelius Tacitus 56-117) et Dion Cassius (150-235). Les deux offrent des versions différentes de l'histoire, ainsi Tacite prétend que la révolte émanait du mauvais traitement des Icènes après la mort de Prasutagos tandis que Dio écrit que la cause du soulèvement était due à un différend pour un prêt.

L'autre différence significative dans les deux versions est que Dion Cassius ne fait aucune mention de la flagellation de Boadicée ou du viol de ses filles et il affirme qu'elle mourut de blessures subies au combat, pas par empoisonnement. Le récit de Tacite est généralement accepté comme étant plus factuel parce que son beau-père, Gnaeus Julius Agricola (40-93 de notre ère) était le gouverneur de la Bretagne insulaire principalement responsable de la conquête réussie de la région et il servit de source principale à Tacite. Il n’y a aucun doute sur la participation d’Agricola à la répression de la révolte de Boadicée, vu qu’il servait sous Suetonius comme jeune soldat en 61 EC.

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Les causes de la rébellion de Boadicée

Tacite raconte le début de la rébellion dans ses Annales:

Prasutagos, roi des Icènes, après une vie de prospérité longue et réputée, avait fait de l'empereur son cohéritier avec ses deux filles. Prasutagos espérait par cette soumission préserver son royaume et son foyer des attaques. Mais il s'en avéra autrement. [Après sa mort], son royaume et son foyer furent pillés comme prises de guerre, l'un par des officiers romains, l'autre par des esclaves romains. Pour commencer, sa veuve Boadicée fut fouettée et leurs filles furent violées. Les chefs Icènes furent privés de leurs domaines patrimoniaux comme si les Romains disposaient de tout le pays. Les membres de la famille royale furent traités comme des esclaves. Et les Icènes humiliés craignaient que le pire était encore à venir, maintenant qu'ils avaient été réduits au statut de province. Alors ils se rebellèrent. (Lewis, 197)

L'historienne Miranda Aldhouse-Green cite une rébellion Icène antérieure, en l'an 47, comme la cause de l'élévation de Prasutagos au titre de chef de la tribu. Cette rébellion échoua et on ne sait pas quel rôle Prasutagos y joua, mais il semble clair que les Romains virent en Prasutagos un chef qui pouvait maintenir la paix entre les Icènes et Rome.

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Aldhouse-Green note également l'importance du testament de Prasutagos, qui divisa son domaine entre ses filles et Rome et omit Boadicée, comme une preuve de l'hostilité de la reine envers Rome. On prétend qu'en la laissant hors du testament, Prasutagos espérait que ses filles continueraient sa politique de coopération. Après sa mort, cependant, tout espoir des Icènes de vivre pacifiquement avec Rome fut perdu.

La guerre de Boadicée

Boadicée frappa d'abord la ville de Camulodunum (Colchester aujourd’hui) où elle massacra les habitants et détruisit la colonie. Le gouverneur Suetonius était engagé dans la répression d'un soulèvement sur l'île de Mona et les citoyens romains firent donc appel à l'agent impérial Catus Decianus. Il envoya une force modérément armée de 200 hommes qui se révéla insuffisante pour défendre la ville. La neuvième division romaine, dirigée par Rufus, avança pour soulager la colonie mais elle fut mise en déroute et l'infanterie fut décimée par les forces bretonnes. Tactice cite l'avidité et la rapacité des hommes tel que Catus Decianus pour expliquer la brutalité des Bretons en révolte.

Boadicea Haranguing the Britons
Boadicée haranguant les Bretons
John Opie (1761–1807) (Public Domain)

Suetonius, revenant de Mona, marcha vers Londinium (Londres aujourd’hui) mais, après avoir reçu des renseignements selon lesquels les forces de Boadicée étaient bien plus nombreuses que les siennes, il laissa la ville à son sort et chercha un champ plus avantageux pour y mener bataille. L'armée de Boadicée saccagea Londinium et, comme auparavant, elle massacra les habitants.

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Suetonius avait offert aux habitants de la ville un passage sûr avec son armée et il semble que beaucoup aient accepté cette offre. Tacite écrivit, "mais ceux qui restèrent par ce que femmes, ou vieux, ou attachés à cet endroit, furent massacrés par l'ennemi. Verulamium subit le même sort."

La bataille de Watling Street

Tandis que les Bretons détruisaient Verulamium (St. Albans aujourd’hui), Suetonius "choisit une position dans une gorge étroite avec un bois derrière lui. Il ne pouvait y avoir d'ennemis, il le savait, qu’à son front, où il y avait un pays ouvert sans abri pour les embuscades" (Tacite). Les Bretons arrivèrent au combat" en nombre sans précédent. Leur confiance était telle qu'ils amenèrent leurs femmes avec eux pour voir la victoire, les installant dans des charrettes stationnées au bord du champ de bataille" (Tacite).

On dit que les deux chefs encouragèrent et inspirèrent leurs troupes, puis Suetonius donna le signal de la bataille et l'infanterie avança pour lancer ses javelots. La supériorité numérique de Boadicée ne fut d'aucun avantage sur l'étroit champ de bataille que Suetonius avait choisi et, en fait, il alla même à son encontre car la masse d’hommes pressés les uns contre les autres fournissait des repères faciles pour les Romains.

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Queen Boudica
Reine Boadicée
Carole Raddato (CC BY-SA)

Les Bretons reculèrent devant l'assaut des javelots, et ensuite devant la formation en V des légionnaires qui traversa leurs rangs. Suetonius ordonna à son infanterie auxiliaire d’avancer, puis sa cavalerie et les Bretons firent demi-tour pour fuir le champ de bataille. L’escorte de ravitaillement qu'ils avaient positionnée à leur arrière les empêcha de s'échapper et la déroute se transforma en massacre.

Tacite écrit, "les Bretons qui restaient fuirent avec difficulté puisque leur cercle de chariots bloquait le passage. Les Romains n'épargnèrent même pas les femmes. Les bêtes de somme aussi, empalées par les armes, se s'ajoutèrent aux tas de morts." Boadicée et ses filles réussirent apparemment à s'échapper mais, peu de temps après, elles s'empoisonnèrent pour échapper à la capture.

Bien que le site de la bataille soit inconnu, il porte le nom de bataille de Watling Street et les suggestions quant à son emplacement précis vont de King's Cross à Londres à Church Stowe dans le Northamptonshire. Après la défaite de Boadicée, Suetonius institua des lois plus sévères pour les peuples indigènes de Bretagne insulaire jusqu'à ce qu'il soit remplacé par Publius Petronius Turpilianus qui sécurisa encore plus le sud de la région pour Rome, grâce à des mesures plus douces.

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D'autres insurrections, plus petites, furent organisées dans les années qui suivirent la révolte de Boadicée mais aucune n'obtint le même soutien généralisé ni coûta autant de vies. Les Romains allaient continuer à occuper la Bretagne insulaire, sans autre problème significatif, jusqu'à leur retrait de la région en 410 de notre ère. Bien qu'elle perdît sa bataille et sa cause, Boadicée est aujourd'hui célébrée comme une héroïne nationale et un symbole universel du désir humain de liberté et de justice.

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2013, novembre 08). Boadicée [Boudicca]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-507/boadicee/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Boadicée." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le novembre 08, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-507/boadicee/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Boadicée." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 nov. 2013. Web. 27 avril 2024.

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