Bataille de la Rhur

Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 avril 2024
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Disponible dans ces autres langues: anglais

La bataille de la Ruhr ou l'offensive aérienne de la Ruhr (mars-juillet 1943) fut une campagne de bombardement soutenue menée par les forces aériennes britanniques et américaines contre le cœur industriel de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). L'offensive comprenait des frappes contre des villes industrielles et des cibles spécifiques telles que des aciéries, des usines d'armement, des réseaux de transport et les barrages de la Ruhr. L'industrie lourde allemande subit d'importants dommages, mais comme la production se rétablit et même augmenta, la bataille est considérée comme un match nul.

Lancaster Taking off to Attack the Ruhr
Décollage d'Avro Lancaster en route pour attaquer la Rhur
P.O. Miller - Imperial War Museums (Public Domain)

Bombardements de zone sur l'Allemagne

La vallée de la Ruhr représentait 60 % de la production industrielle allemande. La région était une cible si tentante qu'elle avait déjà été attaquée en mai 1940, mais seulement par une petite force d'une centaine de bombardiers, qui n'avaient pas connu de grand succès. Cette fois-ci, ce serait différent. Le commandant en chef du Bomber Command de la Royal Air Force (RAF) était Arthur Harris (1892-1984). Il était fermement convaincu que la guerre pouvait être gagnée en bombardant l'ennemi jusqu'à sa soumission, c'est-à-dire en détruisant les objectifs de l'industrie de guerre et le moral des civils. Harris reçut le soutien du plus haut niveau pour tenter de réaliser le "rêve du bombardier", à savoir gagner la guerre grâce à la seule puissance aérienne. Pour réaliser ce rêve, Harris disposait de bombardiers lourds quadrimoteurs tels que le bombardier Avro Lancaster, capable de transporter une charge de 6 350 kg, le Short Stirling et le Handley Page Halifax.

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Le premier problème était de savoir où se trouvaient les cibles et quelle était leur importance pour l'effort de guerre allemand.

Le raid des mille bombardiers sur Cologne en 1942 avait montré ce qu'une grande force d'attaque pouvait accomplir. Un tel nombre d'avions, volant vers l'objectif en une seule formation appelée "bomber stream" (flux de bombardiers), pouvait submerger les défenses ennemies - les canons de DCA et les avions de chasse comme le Messerschmitt Bf 109, qui surveillaient toute la zone à traverser pour atteindre la Ruhr. À cette époque de la guerre, les bombardiers ne pouvaient pas être escortés par des chasseurs au-dessus de l'Allemagne en raison de l'autonomie limitée en carburant d'avions comme le Hawker Hurricane et le Supermarine Spitfire, et la meilleure couverture pour les bombardiers qui volaient lentement était donc l'obscurité.

La RAF avait essayé le bombardement de précision, qui consistait à frapper de petites cibles spécifiques, mais cela nécessitait des opérations diurnes plus dangereuses (et un temps clair) et, compte tenu de la technologie limitée de visée des bombes de l'époque, les résultats avaient été très médiocres, la plupart des bombes tombant à plusieurs kilomètres de la cible prévue. Les difficultés étaient telles que de nombreux avions ne parvenaient même pas à trouver la cible. L'idée du bombardement de zone (appelé "carpet bombing" en anglais) était d'avoir un point de visée central pour les premiers bombardiers, puis les bombardiers successifs se déplaçaient vers l'extérieur, soit intentionnellement, soit par accident. Ainsi, une grande partie de la cible était bombardée de manière plus uniforme. Le bombardement de zone de Cologne, d'une durée de 90 minutes, avait détruit quelque 15 000 bâtiments et 1 500 usines. En outre, les services publics de la ville et les divers réseaux de transport avaient tous été gravement endommagés. On dénombra 469 morts, 5 000 blessés et 45 000 sans-abri. Avec 41 avions perdus, la RAF considéra ce raid comme un succès. La stratégie de bombardement de zone par une force importante pouvait désormais être appliquée à la vallée de la Ruhr.

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Identification des cibles

Le Bomber Command devait faire face à des problèmes spécifiques dans le cadre de l'offensive sur la Ruhr. Le premier problème était de savoir où se trouvaient les cibles et quelle était leur importance pour l'effort de guerre allemand. Comme le souligne l'historien M. Hastings, "le renseignement sur l'industrie ennemie est resté une faiblesse de l'offensive aérienne stratégique du début à la fin" (16). Le deuxième problème était que la Ruhr était "la région la plus lourdement défendue de l'Allemagne nazie" (Hastings, 187). En 1939, Hermann Göring, chef de la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande, avait déclaré avec audace: "La Ruhr ne subira pas une seule bombe. Si un bombardier ennemi atteint la Ruhr, je ne m'appelle pas Herman Göring". (Liddell Hart, 196).

Allied Strategic Bombing of Germany, 1940 - 1945
Bombardement stratégique allié en Allemagne, 1940-1945
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

La vallée de la Ruhr était protégée par environ 200 batteries de DCA. Chaque batterie était composée de six ou huit canons de 88 mm (3,5 pouces), dont beaucoup étaient équipés d'un radar. Certains canons étaient même montés sur des trains pour suivre les bombardiers. En raison de ce réseau dense de canons antiaériens et d'innombrables projecteurs, les bombardiers alliés donnèrent rapidement à la Ruhr le surnom ironique de "Happy Valley" (vallée heureuse).

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La première grande offensive eut lieu le 5 mars 1943 contre Essen et les aciéries Krupps.

Un autre problème était que la vallée de la Ruhr était si fortement industrialisée qu'il y avait un smog constant dans le ciel au-dessus, ce qui gênait les viseurs de bombes mais rendait également difficile pour les navigateurs de trouver la zone cible. Il existait bien quelques aides technologiques, mais à ce stade de la guerre, elles étaient peu nombreuses et peu fiables. Certains des bombardiers les plus récents étaient équipés d'un radar Gee, qui pouvait les aider à trouver la cible. Afin d'aider les bombardiers non équipés de Gee, les bombardiers équipés de Gee partaient en premier et lançaient des fusées éclairantes pour marquer la cible. Le problème du Gee était qu'il pouvait être brouillé par des chasseurs ennemis spécialement équipés. Les escadrons d'éclaireurs, utilisés pour la première fois par la RAF en août 1942, aidaient à marquer la route vers la cible et la cible elle-même en larguant des paquets de bougies pyrotechniques ou des fusées de parachute. Une autre stratégie consistait à demander à certains bombardiers de larguer d'abord des bombes incendiaires pour déclencher des incendies qui marqueraient la cible pour les bombardiers suivants chargés d'explosifs.

Un autre dispositif utile était le H2S (alias H2X), un radar de recherche au sol utilisé lorsque les cibles étaient complètement cachées visuellement. Le problème du H2S est qu'il émettait des signaux qui révélaient la position de l'avion à l'ennemi et qu'il pouvait être brouillé à l'aide de contre-signaux. À partir de 1943, la RAF utilisa le système de guidage Oboe, qui envoyait des signaux depuis la Grande-Bretagne pour guider les largages de bombes. Le système Oboe avait une portée limitée, mais suffisante pour couvrir la majeure partie de la vallée de la Ruhr.

German 88mm Anti-aircraft Gun
Canon antiaérien allemand de 88 mm
Bundesarchiv, Bild 101I-635-3999-24 (CC BY-SA)

Mars

La première grande offensive eut lieu dans la nuit du 5 mars 1943 contre Essen, une ville industrielle avec une cerise sur le gâteau que la RAF aurait bien voulu croquer: l'énorme usine sidérurgique Krupps. Trois vagues de bombardiers, soit une force totale de 442 avions, furent envoyées. 56 bombardiers subirent des pannes mécaniques et durent faire demi-tour. Ceux qui restaient mirent 38 minutes à endommager un tiers de l'aciérie et une cinquantaine d'usines. 44 bombardiers ne parvinrent pas à atteindre Essen avec leur charge de bombes. 14 bombardiers furent abattus. Essen fut à nouveau touchée le 12 mars.

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Avril

Duisbourg possédait d'importantes gares de triage, qui reliaient la Ruhr à d'autres régions d'Allemagne, ainsi que la grande aciérie Thyssen. Duisbourg fut bombardée trois fois en avril. Essen fut frappée à nouveau au début et à la fin du mois. Un pilote de la RAF, le Canadien Jim Weaver, décrit les défenses d'Essen:

À chaque voyage, il y avait des quantités variables de DCA et quelques chasseurs, en fonction de la cible. Les grandes villes allemandes étaient les plus lourdement défendues, et tout déplacement à Essen - ou même n'importe où dans la Ruhr - équivalait à entrer dans "la vallée de l'ombre de la mort". L'expression favorite de l'équipage lorsqu'on l'interrogeait sur les tirs de DCA au cours de l'un de ces voyages était: " On aurait pu sortir et marcher dessus".

(Neillands, 214-5)

Pendant ce temps, l'armée de l'air américaine (USAAF), sous la forme de la huitième armée de l'air basée en Grande-Bretagne, continuait de frapper ses propres cibles sélectionnées au cours de la journée. Parmi celles-ci figuraient l'usine aéronautique Focke-Wulfe de Brême, frappée par une force de 115 bombardiers le 17 avril, et l'usine Ford d'Anvers, touchée en mai par 18 bombardiers B-17 Flying Fortress. Tout au long de la bataille de la Ruhr, d'autres cibles furent régulièrement touchées afin d'éviter une concentration des défenses ennemies dans une seule zone. La participation de l'USAAF à l'offensive de la Ruhr fut donc limitée. D'autres limites opérationnelles étaient le risque élevé des missions de jour (la stratégie préférée de l'USAAF) et l'inadaptation de ses avions aux bombardements de nuit en raison de leur conception et de leur charge utile bien inférieure à celle des Avro Lancaster de la RAF.

Lancaster Bomber Cockpit
Cockpit d'Avro Lancaster
Falcon Photography (CC BY-SA)

Mai

La RAF toucha également de nombreuses autres cibles en Allemagne tout au long de l'offensive, notamment Berlin, Munich, Nuremberg et Stuttgart. Les cibles spécifiques de la Ruhr touchées en mai comprenaient Duisbourg et Düsseldorf, chacune soumise à une force d'environ 300 Avro Lancasters. Dortmund fut touchée par 862 bombardiers au cours d'un seul raid massif qui détruisit l'aciérie Hoesch de la ville. Plus de 1 700 civils furent tués ou blessés. Fin mai, 719 bombardiers frappèrent Wuppertal et firent de 100 000 habitants des sans-abri en une seule nuit; 3 400 personnes furent tuées ou blessées.

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Le mois de mai fut marqué par l'une des opérations les plus célèbres de la RAF pendant la guerre: L'opération Chastise. Il s'agissait d'un raid sur les barrages de la Ruhr, avec l'idée que les réservoirs percés inonderaient les vallées en contrebas, mettant hors service d'innombrables usines d'armement, centrales hydroélectriques, aciéries et houillères. Pour endommager les barrages, qui constituaient des cibles minces vues du ciel et étaient protégés par des filets anti-torpilles, il fallut mettre au point une bombe spéciale. Barnes Wallis (1887-1979) inventa la "bombe rebondissante", une bombe rotative en forme de tonneau qui pouvait être larguée sur le réservoir et qui glissait à la surface jusqu'à ce qu'elle n'atteigne le mur du barrage, ne s'enfonce à une profondeur suffisante et n'explose. Trois barrages étaient prioritaires: Möhne, Eder et Sorpe.

Guy Gibson (1918-44) dirigea son escadron 617, composé de 19 Lancasters spécialement entraînés, vers le bassin de la Ruhr dans la nuit du 16 mai. Les barrages de Möhne et d'Eder furent percés, mais celui de Sorpe resta intact. Huit Avro Lancasters ne rentrèrent pas chez eux. L'énorme inondation provoquée par la rupture des barrages perturba sérieusement les industries allemandes, mais celles-ci reprirent leur production en l'espace de six mois. Le barrage de Möhne fut réparé en 18 semaines, juste à temps pour capter les pluies d'automne, qui remplirent à nouveau le réservoir. Environ 1 300 civils furent tués dans les inondations provoquées par l'opération Chastise, dont 500 femmes ukrainiennes soumises au travail forcé. L'opération serait aujourd'hui considérée comme un crime de guerre (selon la Convention de Genève), mais elle fut exploitée pour sa valeur de propagande et donna à la Grande-Bretagne meurtrie l'impulsion dont elle avait tant besoin, à savoir que la nation menait enfin la guerre contre l'Allemagne. Il y eut d'autres conséquences positives pour la RAF. Le raid montra que des équipages spécialement entraînés pouvaient atteindre des cibles de petite taille mais stratégiquement précieuses. L'opération permit également d'expérimenter avec succès une nouvelle idée, à savoir l'utilisation d'un maître bombardier (en l'occurrence Gibson) qui pouvait rester en contact avec ses autres avions par radio VHF et ainsi mieux diriger l'attaque et rendre le bombardement beaucoup plus précis. La RAF utiliserait des bombardiers-chefs pour de nombreux autres raids lors de la bataille de la Ruhr.

Breached Möhne Dam
Brèche dans le barrage de la Möhne
Jerry Fray (CC BY-NC-SA)

Juin

Malgré les progrès réalisés en matière de précision des bombardements, Harris n'était pas satisfait des résultats des opérations menées jusqu'à présent, comme il l'écrit dans cette circulaire adressée aux équipages des bombardiers:

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La bataille de la Ruhr en est maintenant à son troisième mois et se poursuivra jusqu'à ce qu'elle ne soit gagnée. Elle sera gagnée lorsque la Ruhr cessera de produire des munitions de guerre... Malheureusement, un certain nombre de bombes tombent encore à 2, 3 et 5 miles du point de visée, ce qui retarde la victoire.

(Hastings, 278-9).

Lors du raid de mai sur Düsseldorf, la plupart des bombardiers avaient manqué leur cible. La ville fut à nouveau frappée dans la nuit du 11 juin, cette fois par une force de 783 bombardiers. Les incendies qui s'ensuivirent s'étendirent sur une zone de plus de 40 kilomètres carrés. 20 installations militaires et 77 usines furent endommagées. 1 200 civils trouvèrent la mort et 140 000 personnes se retrouvèrent sans abri. Dans la nuit du 12 juin, Bochum fut touchée par plus de 500 bombardiers. Une autre cible de choix en juin fut l'aciérie et l'usine de charbon d'Oberhausen. Le 22 juin, Mülheim fut touché par 557 avions. Le 24 juin, Wuppertal fut à nouveau frappée, détruisant la capacité industrielle de la ville et tuant ou blessant plus de 4 000 civils. Les bombardiers de l'USAAF réussirent à frapper l'usine de caoutchouc synthétique de Huls, également le 22 juin.

La Ruhr comptait tout simplement trop de cibles possibles, et la RAF ne disposait pas des avions nécessaires pour les attaquer toutes, ou même un groupe d'entre elles, de manière répétée, un point faible de la campagne. Afin d'étirer au maximum les défenses allemandes, Cologne fut touchée lors d'un raid le 15 juin.

Lancaster Dropping Bombs
Un Lancaster larguant des bombes
Unknown Photographer (Public Domain)

Juillet

Les bombes continuèrent de tomber, mais les Allemands devinrent de plus en plus compétents dans leur défense. Ils utilisèrent des stratagèmes pour tromper les bombardiers et leur faire atteindre des cibles inutiles. Des usines factices furent construites, des bombes fumigènes obscurcirent le ciel et de faux incendies furent allumés dans les champs pour faire croire que les usines se trouvaient là.

La RAF était désormais confrontée au problème des courtes nuits d'été et on lui demandait de contribuer à d'autres théâtres de guerre, comme le bombardement de cibles en Italie en vue d'une invasion, et, pour contribuer à la bataille de l'Atlantique, de poser des mines en mer et de frapper les bases des sous-marins allemands dans le nord de la France. Ces exigences limitèrent la fréquence à laquelle les objectifs spécifiques de la Ruhr pouvaient être atteints. Harris avait raison de dire qu'il n'avait pas besoin de 1 000 bombardiers, mais de 6 000.

La dernière et 44e opération de la bataille de la Ruhr fut le second raid sur Gelsenkirchen, qui abritait d'importantes raffineries d'huile synthétique, dans la nuit du 9 juillet. Symptomatique du travail de Sisyphe que s'était fixée le Bomber Command, les raffineries de Gelsenkirchen furent à nouveau pleinement opérationnelles en août.

Bilan

Au total, la RAF lança 23 000 missions contre la Ruhr. Les pertes aériennes commencèrent à augmenter proportionnellement vers la fin de la bataille, en grande partie à cause d'une concentration accrue de chasseurs allemands dirigés au-dessus de la zone. Au total, le Bomber Command perdit 1 000 avions et environ 7 000 hommes au cours de la bataille. De lourds dommages furent infligés, mais des réparations furent effectuées. C'est pour ces raisons que l'historien R. Neillands déclare: "la bataille de la Ruhr fut un match nul" (222).

Bomb-Damaged Train Factory, Essen
Dégâts dans une usine ferroviaire, Essen
Imperial War Museums (Public Domain)

Les raids sur la Ruhr furent ralentis, en grande partie parce que les dommages causés avaient été surévalués, parce que les avions étaient nécessaires ailleurs et parce que Harris restait convaincu que le bombardement des villes industrielles était le meilleur moyen de gagner la guerre. Le ministre allemand de l'armement, Albert Speer (1905-81), fut surpris mais reconnaissant qu'il n'y ait pas eu d'autres raids lourds sur la Ruhr après le mois de juillet. Speer fut également surpris par la résistance de l'industrie et des travailleurs allemands:

Les raids aériens britanniques ont commencé à avoir leur premier effet sérieux sur la production... Ces raids aériens ont transporté la guerre parmi nous... Les bombardements et les difficultés qui en ont résulté n'ont pas non plus affaibli le moral de la population. Au contraire, de mes visites dans les usines d'armement et de mes contacts avec des personnes quelconques, j'ai gardé l'impression d'une plus grande fermeté. Il se pourrait bien que la perte estimée à 9 % de notre capacité de production ait été largement compensée par un effort accru.

(Speer, 381)

Le véritable problème pour la RAF était que le bombardement des usines s'accompagnait de restrictions inhérentes au succès, comme le note ici Neillands:

Les bombardements ont certainement endommagé un grand nombre d'usines de la Ruhr, mais au cours des années qui ont suivi 1939, il est devenu évident qu'une cible industrielle nécessitait un bombardement constant si l'on voulait la maintenir hors de production. Même le raid le plus précis atteignait rarement la destruction totale de la cible et, à moins que le raid n'ait été répété, les dommages étaient rapidement réparés, les machines et les gabarits étaient remplacés et la production reprenait. Il était également possible de déplacer l'usine vers un endroit plus sûr, mais il était moins facile de déplacer et de reloger les centaines de milliers de travailleurs qualifiés.

(215)

Lancaster Bomber over Hamburg
Avro Lancaster au-dessus d'Hambourg
Ian Dunster (Public Domain)

À partir de novembre, le Bomber Command se concentra sur le bombardement de Berlin, bien que les bombardements de zone aient été de plus en plus controversés en raison du nombre de victimes civiles. La valeur stratégique faisait également l'objet de nombreux débats, car le moral des troupes et les villes avaient été durement frappés, mais pas anéantis.

L'industrie de guerre allemande fut certainement freinée par l'offensive de la Ruhr. Même si les chiffres de la production allemande continuèrent d'augmenter, ils auraient été plus élevés sans les bombardements. Les conséquences étaient également moins directes. L'Allemagne avait dû consacrer d'énormes ressources à la défense des usines et des villes, des hommes et du matériel qui auraient pu être utilisés sur le front de l'Est contre la Russie, par exemple. Il y avait aussi une valeur de propagande à l'intérieur du pays. Avant qu'une invasion terrestre de l'Europe continentale ne soit possible, frapper l'Allemagne par voie aérienne était l'un des rares moyens pour les Alliés de frapper directement l'ennemi, un ennemi qui avait déjà frappé la Grande-Bretagne à d'innombrables reprises de la même manière, par exemple lors du Blitz de Londres en 1940-1941.

À partir de l'été 1943, la collaboration entre la RAF et l'USAAF s'intensifia dans le cadre de l'offensive combinée de bombardement. La directive Pointblank de juin, émise par les chefs d'état-major combinés alliés, déclarait que la priorité devait désormais être accordée aux usines aéronautiques allemandes afin de garantir la supériorité aérienne avant le débarquement du jour J en Normandie, prévu pour l'été 1944. Il s'agissait là d'une question cruciale car "entre novembre 1942 et juillet 1943, la production allemande de chasseurs passa de 400 à plus de 800 avions par mois" (Neillands, 150).

Les raids sur l'Allemagne et l'Europe occupée se multiplièrent, allant des bombardements de villes comme l'opération Gomorrhe, qui dévasta totalement Hambourg fin juillet et début août 1943, aux bombardements de précision comme l'opération Double Strike en août-octobre 1943, qui visaient à détruire la capacité de l'Allemagne à produire les roulements à billes nécessaires à l'armement. L'offensive aérienne alliée se poursuivit tout au long de la guerre, la stratégie de bombardement de zone étant répétée pour toucher les réseaux de transport dans la Ruhr, l'approvisionnement en pétrole et d'autres villes encore, comme Duisbourg lors d'un raid de "mille bombardiers" en octobre 1944 et, plus tristement célèbre encore, le bombardement de Dresde en 1945.

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Questions & Réponses

Qui a gagné la bataille de la Ruhr?

La campagne de bombardement alliée connue sous le nom de bataille de la Ruhr pendant la Seconde Guerre mondiale est considérée comme un match nul. L'industrie allemande subiT des dommages considérables, mais elle se rétablit au fil du temps.

Quelle fut l'importance de la bataille de la Ruhr?

L'importance de la bataille de la Ruhr de 1943 réside dans le fait que l'industrie lourde allemande fut endommagée et que des ressources massives durent être réorientées vers sa réparation et sa défense future.

Pourquoi la RAF n'a-t-elle pas gagné la bataille de la Ruhr?

La RAF n'a pas gagné la bataille de la Ruhr de 1943 parce qu'elle ne disposait pas d'un nombre suffisant de bombardiers pour attaquer de manière répétée les sites industriels allemands et empêcher ainsi la réparation des usines et la reprise de la production à plus long terme.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2024, avril 15). Bataille de la Rhur [Battle of the Ruhr]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2429/bataille-de-la-rhur/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Bataille de la Rhur." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 15, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2429/bataille-de-la-rhur/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Bataille de la Rhur." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 avril 2024. Web. 05 mai 2024.

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